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L’autisme, officiellement désigné sous le terme de Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA), représente une condition neurodéveloppementale qui affecte environ 1 enfant sur 100 selon les dernières estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé. Pourtant, malgré cette prévalence significative, l’autisme reste souvent mal compris, entouré de nombreuses idées reçues qui peuvent compliquer l’accompagnement des personnes concernées et de leurs familles.
Comprendre l’autisme, c’est avant tout reconnaître qu’il s’agit d’un fonctionnement neurologique différent, et non d’une maladie à guérir. Les personnes autistes perçoivent, traitent et interagissent avec le monde d’une manière qui leur est propre. Cette différence se manifeste principalement à travers trois dimensions fondamentales : la communication, la sensorialité et la gestion de l’anxiété.
Chez DYNSEO, nous accompagnons depuis des années les familles et les professionnels dans la compréhension et l’accompagnement des enfants présentant des troubles cognitifs, notamment l’autisme. Notre mission est de proposer des outils concrets, adaptés et accessibles pour améliorer le quotidien de chacun. Cet article vous propose une exploration approfondie de ces trois grandes différences, avec des conseils pratiques et des solutions concrètes.
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Première différence : la communication, un langage à décoder
Comprendre les particularités communicationnelles
La communication représente probablement la différence la plus visible chez les personnes autistes. Contrairement à une idée reçue tenace, les personnes autistes ne sont pas toutes non-verbales. Le spectre de l’autisme englobe une grande variété de profils, allant de personnes très verbales avec un vocabulaire riche à des personnes utilisant d’autres moyens de communication.
Le langage verbal : au-delà des mots
Chez les enfants autistes qui développent le langage verbal, celui-ci présente souvent des caractéristiques particulières. L’écholalie, par exemple, consiste à répéter des mots ou des phrases entendus précédemment. Loin d’être un défaut, cette particularité peut servir de base à l’apprentissage du langage et à la communication. Un enfant qui répète une phrase de son dessin animé préféré peut exprimer une émotion, un besoin ou simplement chercher à établir un contact.
Le langage des personnes autistes tend également à être très littéral. Les expressions idiomatiques, les métaphores et le second degré peuvent être sources de confusion. Quand on dit à un enfant autiste qu’il “pleut des cordes”, il peut genuinement chercher les cordes du regard. Cette compréhension littérale n’est pas un manque d’intelligence, mais une façon différente de traiter l’information verbale.
La communication non-verbale : un défi quotidien
La communication humaine repose en grande partie sur des éléments non-verbaux : expressions faciales, ton de la voix, posture, gestuelle. Pour les personnes autistes, décoder ces signaux subtils peut représenter un véritable défi. Les expressions faciales peuvent sembler ambiguës ou difficiles à interpréter, et le maintien du contact visuel peut être inconfortable voire douloureux.
Il est essentiel de comprendre que l’évitement du regard n’est pas un signe de désintérêt ou d’impolitesse. Pour de nombreuses personnes autistes, regarder quelqu’un dans les yeux tout en écoutant et en réfléchissant représente une surcharge cognitive importante. Certaines personnes autistes expliquent qu’elles entendent mieux quand elles ne regardent pas leur interlocuteur.
Les intérêts spécifiques comme vecteur de communication
Les personnes autistes développent souvent des intérêts très intenses pour des sujets spécifiques. Ces passions, parfois qualifiées d’intérêts restreints, constituent en réalité de formidables opportunités de connexion et de communication. Un enfant passionné par les dinosaures, les trains ou l’astronomie possède là une porte d’entrée précieuse pour établir le contact.
Ces intérêts spécifiques peuvent également servir de motivation pour les apprentissages. Un enfant passionné par les véhicules pourra apprendre à compter en utilisant des voitures, ou développer son vocabulaire à travers des livres sur ce thème.
Des outils concrets pour faciliter la communication
Face à ces particularités communicationnelles, il existe des approches et des outils qui peuvent considérablement améliorer la qualité des échanges.
La communication visuelle
Les supports visuels représentent un atout majeur pour accompagner la communication des enfants autistes. Pictogrammes, photos, emplois du temps visuels : ces outils permettent de rendre l’information plus concrète et plus stable. Contrairement aux mots qui disparaissent une fois prononcés, l’image reste présente et peut être consultée à nouveau.
C’est dans cette optique que DYNSEO a développé Mon Dico, une application innovante conçue pour favoriser la communication et l’autonomie des enfants avec autisme. Ce qui distingue Mon Dico des autres outils de communication, c’est l’utilisation d’images réelles plutôt que de pictogrammes stylisés. Cette approche facilite le transfert des apprentissages vers la vie quotidienne : l’enfant reconnaît plus facilement les objets, les lieux et les personnes de son environnement.
Mon Dico permet à chaque enfant d’exprimer ses besoins, ses envies et ses émotions de manière autonome. Les familles peuvent personnaliser l’application avec leurs propres photos, créant ainsi un outil véritablement adapté à leur quotidien. Découvrez Mon Dico et ses fonctionnalités.
Adapter sa propre communication
Accompagner un enfant autiste dans sa communication implique également d’adapter notre propre façon de communiquer. Voici quelques principes fondamentaux :
- Être explicite : Éviter les sous-entendus et les expressions figurées. Dire clairement ce que l’on attend.
- Laisser du temps : Le temps de traitement de l’information peut être plus long. Attendre la réponse sans reformuler immédiatement la question.
- Utiliser des phrases courtes : Une consigne à la fois, formulée de manière simple et directe.
- Accompagner de visuels : Montrer en plus de dire, utiliser des gestes, des images ou des objets.
- Respecter le besoin de prévisibilité : Prévenir des changements, expliquer ce qui va se passer.
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Deuxième différence : la sensorialité, un monde d’intensités
Un système sensoriel différent
La sensorialité représente la deuxième grande différence fondamentale dans l’autisme. Les personnes autistes traitent les informations sensorielles de manière différente, ce qui peut se manifester par une hypersensibilité (sensibilité excessive) ou une hyposensibilité (sensibilité diminuée), parfois les deux selon les sens et les situations.
L’hypersensibilité : quand le monde est trop intense
Pour une personne hypersensible, le monde peut rapidement devenir envahissant. Les bruits de fond que nous filtrons naturellement (le bourdonnement des néons, le ronronnement du réfrigérateur, les conversations lointaines) peuvent être perçus avec une intensité égale au son principal. Imaginez essayer de vous concentrer dans un environnement où tous les sons auraient le même volume.
Cette hypersensibilité peut toucher tous les sens :
- L’ouïe : Certains sons peuvent être physiquement douloureux. Le bruit d’un aspirateur, d’une sonnerie ou d’un ballon qui éclate peut provoquer une détresse intense.
- La vue : Les lumières vives, les néons qui clignotent imperceptiblement pour la plupart des gens, les motifs visuels complexes peuvent être sources d’inconfort.
- Le toucher : Certaines textures de vêtements, les étiquettes, les coutures peuvent être insupportables. Le contact physique, même affectueux, peut être désagréable.
- L’odorat : Les odeurs, même légères, peuvent être perçues très intensément et provoquer des nausées ou un malaise.
- Le goût : Les textures et les saveurs des aliments peuvent être sources de grandes difficultés alimentaires.
L’hyposensibilité : la recherche de stimulations
À l’inverse, certaines personnes autistes présentent une hyposensibilité pour certains sens. Elles ont besoin de stimulations plus intenses pour ressentir les informations sensorielles. Cela peut se manifester par :
- Une recherche constante de mouvement (sauter, tourner, se balancer)
- Un attrait pour les textures fortes ou les pressions profondes
- Une tolérance élevée à la douleur
- Un besoin de toucher les objets et les personnes
- Une préférence pour les saveurs très prononcées
Il est important de comprendre que ces comportements de recherche sensorielle ne sont pas des caprices mais des besoins neurologiques réels. Un enfant qui bouge sans cesse cherche peut-être à réguler son système vestibulaire pour mieux se concentrer.
Le profil sensoriel mixte
La réalité est souvent plus complexe qu’une simple distinction hypersensibilité/hyposensibilité. La plupart des personnes autistes présentent un profil sensoriel mixte : hypersensibles pour certains sens, hyposensibles pour d’autres, avec des variations selon les moments de la journée, le niveau de fatigue ou de stress.
L’impact de la sensorialité sur le quotidien
Ces particularités sensorielles ont des répercussions majeures sur la vie quotidienne des enfants autistes et de leurs familles.
Les crises sensorielles
Lorsque les stimulations sensorielles dépassent le seuil de tolérance, l’enfant peut vivre ce qu’on appelle une surcharge sensorielle (meltdown) ou un repli (shutdown). Ces réactions ne sont pas des colères ou des caprices, mais des réponses neurologiques à un environnement devenu insupportable.
Reconnaître les signes précurseurs de surcharge permet d’intervenir avant la crise : agitation croissante, mains sur les oreilles, évitement du regard, tentative de fuite. En identifiant ces signaux, les parents et les professionnels peuvent proposer une pause sensorielle, un changement d’environnement ou des outils de régulation.
Les répercussions sur l’alimentation
Les particularités sensorielles expliquent en grande partie les difficultés alimentaires fréquentes chez les enfants autistes. Ce n’est pas de la simple difficulté à table : certaines textures peuvent provoquer des réflexes nauséeux, certaines odeurs être insupportables. L’approche doit être progressive, respectueuse et déculpabilisante pour les familles.
L’impact sur la socialisation
Les environnements sociaux (école, anniversaires, centres commerciaux) sont souvent des lieux de surcharge sensorielle : bruit, foule, lumières, odeurs multiples. Comprendre cette dimension permet de mieux préparer l’enfant, d’aménager l’environnement et de prévoir des temps de récupération.
Des solutions pour accompagner la sensorialité
Créer un environnement adapté
L’aménagement de l’environnement est une première étape essentielle :
- Réduire le bruit : Casques anti-bruit, bouchons d’oreilles, choix d’appareils silencieux
- Adapter l’éclairage : Préférer la lumière naturelle, éviter les néons, proposer des lunettes teintées si besoin
- Respecter les préférences vestimentaires : Couper les étiquettes, choisir des vêtements dans des matières tolérées
- Créer un espace de repli : Un coin calme où l’enfant peut se ressourcer quand l’environnement devient trop intense
Les outils de régulation sensorielle
Certains objets et activités peuvent aider à la régulation sensorielle :
- Les objets à manipuler (fidgets) pour le besoin de toucher
- Les couvertures lestées pour la recherche de pression
- Le mouvement : balançoire, trampoline, ballon
- Les activités proprioceptives : pousser, tirer, porter des charges
Le mouvement comme outil de régulation
Le mouvement joue un rôle crucial dans la régulation sensorielle et émotionnelle des enfants autistes. C’est pourquoi chez DYNSEO, nous avons développé le programme COCO PENSE et COCO BOUGE, qui intègre des pauses actives obligatoires toutes les 15 minutes d’activité cognitive.
Ce programme propose des jeux éducatifs adaptés aux enfants de 5 à 10 ans, avec des niveaux spécialement conçus pour les enfants présentant des troubles cognitifs, notamment l’autisme. Les activités ciblent des fonctions cognitives essentielles : attention, mémoire, logique, langage, tout en respectant le besoin de mouvement des enfants. Découvrez le programme COCO PENSE et COCO BOUGE.
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Troisième différence : l’anxiété, naviguer dans un monde imprévisible
Pourquoi l’anxiété est-elle si présente ?
L’anxiété constitue la troisième grande différence caractéristique de l’autisme. Les études montrent que les personnes autistes présentent des niveaux d’anxiété significativement plus élevés que la population générale. Cette anxiété n’est pas un trait de personnalité ou un manque de courage : elle découle directement des particularités neurologiques de l’autisme.
L’imprévisibilité comme source d’anxiété
Pour les personnes autistes, le monde peut sembler profondément imprévisible et donc menaçant. Cette perception s’explique par plusieurs facteurs :
- La difficulté à lire les signaux sociaux : Ne pas pouvoir anticiper les réactions des autres crée une incertitude permanente dans les interactions sociales.
- Le traitement différent de l’information : Les personnes autistes peuvent avoir du mal à filtrer les informations pertinentes, rendant chaque situation potentiellement nouvelle et stressante.
- Les changements de routine : Ce qui semble être un petit changement peut bouleverser tout le système de repères de la personne autiste.
Les manifestations de l’anxiété
L’anxiété chez les enfants autistes peut se manifester de multiples façons, pas toujours identifiées comme telles :
- Comportements répétitifs intensifiés (stimming)
- Rigidité accrue, refus du changement
- Difficultés de sommeil
- Problèmes gastro-intestinaux
- Crises émotionnelles
- Évitement de certaines situations ou lieux
- Questions répétitives pour tenter de maîtriser l’incertitude
Le besoin de prévisibilité
Face à cette anxiété, les personnes autistes développent naturellement des stratégies pour rendre leur environnement plus prévisible. Ces stratégies ne sont pas des rigidités problématiques mais des mécanismes d’adaptation essentiels.
Les routines comme ancrage
Les routines offrent un cadre sécurisant dans un monde perçu comme chaotique. Savoir ce qui va se passer, dans quel ordre, permet de réduire considérablement l’anxiété. Quand un enfant autiste insiste pour que les choses se passent toujours de la même façon, il cherche à maintenir un sentiment de contrôle et de sécurité.
Respecter ces routines quand c’est possible, et préparer soigneusement les changements quand ils sont nécessaires, est fondamental pour le bien-être de l’enfant.
Les rituels et les intérêts spécifiques
Les intérêts spécifiques mentionnés précédemment jouent également un rôle dans la gestion de l’anxiété. Se plonger dans un sujet maîtrisé procure un sentiment de compétence et de contrôle rassurant. Ces moments ne sont pas des pertes de temps mais des temps de ressourcement essentiels.
Accompagner l’anxiété au quotidien
Créer de la prévisibilité
Plusieurs stratégies permettent d’augmenter la prévisibilité et donc de réduire l’anxiété :
- Les emplois du temps visuels : Représenter visuellement le déroulement de la journée ou de l’activité
- La préparation aux changements : Prévenir à l’avance, expliquer ce qui va être différent et ce qui restera pareil
- Les scénarios sociaux : Décrire à l’avance une situation sociale nouvelle (visite chez le médecin, invitation chez un camarade)
- Les objets transitionnels : Permettre à l’enfant d’emporter un objet familier dans les situations nouvelles
Apprendre à identifier et exprimer ses émotions
Les enfants autistes peuvent avoir du mal à identifier leurs propres états émotionnels (alexithymie) et donc à exprimer leur anxiété avant qu’elle ne devienne une crise. Travailler sur la reconnaissance des émotions et des sensations corporelles associées est un axe important de l’accompagnement.
Des outils visuels comme les thermomètres d’émotions, les cartes émotions ou les applications dédiées peuvent soutenir cet apprentissage.
Former les accompagnants
Accompagner un enfant autiste au quotidien, que ce soit en tant que parent ou professionnel, demande des connaissances et des compétences spécifiques. C’est pourquoi DYNSEO propose des formations en ligne dédiées à l’accompagnement de l’autisme.
Notre formation “Autisme : Gérer les situations difficiles au quotidien” vous donne des clés concrètes pour comprendre et accompagner les moments de crise, en identifiant leurs causes et en développant des stratégies de prévention et d’intervention adaptées. Inscrivez-vous à la formation.
Pour une approche plus globale, notre formation “Accompagner un enfant avec autisme : clés et solutions au quotidien” vous propose un parcours complet pour comprendre les particularités de l’autisme et adapter votre accompagnement dans tous les domaines du quotidien. Découvrez cette formation.
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L’interconnexion des trois différences
Un système en interaction
Ces trois grandes différences – communication, sensorialité, anxiété – ne fonctionnent pas de manière isolée. Elles interagissent constamment et s’influencent mutuellement.
Un enfant en surcharge sensorielle aura plus de difficultés à communiquer et sera plus anxieux. Un enfant très anxieux sera plus sensible aux stimulations sensorielles. Un enfant qui ne parvient pas à exprimer ses besoins verra son anxiété augmenter. Comprendre ces interactions permet d’adopter une approche globale et cohérente.
L’importance d’une approche individualisée
Chaque personne autiste est unique. Le spectre de l’autisme englobe une immense diversité de profils, de forces et de défis. Ce qui fonctionne pour un enfant peut ne pas convenir à un autre. L’observation attentive, l’écoute (verbale ou non) et l’adaptation constante sont les clés d’un accompagnement réussi.
Valoriser les forces
Au-delà des différences et des défis qu’elles peuvent représenter, l’autisme s’accompagne souvent de forces remarquables :
- Une attention aux détails exceptionnelle
- Une mémoire impressionnante pour les sujets d’intérêt
- Une pensée logique et systématique
- Une honnêteté et une authenticité dans les relations
- Une capacité de concentration intense
- Une perception sensorielle fine qui peut être un atout dans certains domaines
Reconnaître et valoriser ces forces est essentiel pour le développement de l’estime de soi et l’épanouissement de la personne autiste.
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Conclusion : vers une société plus inclusive
Comprendre les trois grandes différences dans l’autisme – communication, sensorialité et anxiété – est la première étape vers un accompagnement bienveillant et efficace. Ces particularités ne sont ni des défauts à corriger ni des obstacles insurmontables, mais des caractéristiques à comprendre et à prendre en compte.
Chez DYNSEO, nous sommes convaincus que chaque enfant, quelles que soient ses particularités, mérite d’être accompagné avec respect, compétence et bienveillance. Nos outils – le programme COCO PENSE et COCO BOUGE pour stimuler les fonctions cognitives tout en respectant le besoin de mouvement, Mon Dico pour favoriser la communication avec des images réelles – sont conçus dans cet esprit.
Nos formations en ligne permettent aux parents et aux professionnels d’acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour accompagner au mieux les enfants autistes dans leur quotidien.
Ensemble, construisons une société où chaque personne, neurotypique ou neuroatypique, peut trouver sa place et s’épanouir.
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