Écrans et devoirs : avant ou après ? Le bon timing

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La question revient chaque jour à la sortie de l’école : votre enfant peut-il utiliser les écrans maintenant, ou doit-il d’abord faire ses devoirs ? Ce dilemme quotidien cristallise les tensions autour de la gestion du temps d’écran et du travail scolaire. Derrière cette question apparemment simple se cache en réalité un enjeu éducatif majeur : comment organiser l’après-école pour favoriser à la fois les apprentissages et l’épanouissement de l’enfant ? Explorons ensemble les différentes options et leurs implications.

Les enjeux de cette question

Le temps limité de l’après-école

Entre la sortie de l’école et le coucher, les heures sont comptées. Il faut gérer le goûter, les devoirs, les éventuelles activités extrascolaires, le temps de jeu, le dîner, le bain et le rituel du coucher. Dans cet emploi du temps serré, chaque décision d’organisation a des répercussions sur le reste.

Le temps d’écran et le temps de devoirs sont souvent en concurrence pour les mêmes créneaux. Leur articulation n’est pas anodine : elle influence la qualité du travail scolaire, la fluidité des transitions, l’atmosphère familiale, et les habitudes que l’enfant développe pour sa vie future.

L’établissement des priorités

La manière dont vous ordonnez écrans et devoirs transmet un message implicite sur les priorités. Si l’écran vient systématiquement en premier, l’enfant peut intégrer que le plaisir immédiat prime sur les responsabilités. Si les devoirs viennent d’abord, il apprend la valeur de l’effort avant la récompense.

Cette question dépasse donc la simple organisation pratique : elle touche à l’éducation des valeurs et à la préparation de l’enfant aux exigences de la vie adulte, où la capacité à différer les gratifications et à gérer ses priorités sera déterminante.

L’impact sur la motivation et la concentration

L’ordre des activités influence également la motivation et la concentration de l’enfant pour ses devoirs. Un enfant qui sait qu’un temps d’écran l’attend après ses devoirs peut être motivé à les terminer efficacement. Inversement, un enfant qui a déjà eu son temps d’écran peut avoir du mal à se mobiliser pour le travail scolaire.

De même, l’état mental dans lequel l’enfant aborde ses devoirs dépend de ce qu’il faisait juste avant. Une transition depuis une activité très stimulante comme un écran vers une tâche exigeant de la concentration peut être difficile.

L’option recommandée : devoirs avant écrans

Pourquoi cette organisation est généralement préférable

Pour la majorité des enfants et des familles, l’organisation « devoirs d’abord, écran ensuite » présente les avantages les plus nombreux.

Elle établit une hiérarchie des priorités conforme aux valeurs éducatives : le travail avant le loisir. Cette leçon, intégrée dès l’enfance, sera précieuse tout au long de la vie. Elle utilise l’écran comme une motivation naturelle : l’enfant sait que plus vite et mieux il fait ses devoirs, plus vite il pourra profiter de son temps d’écran. Cette perspective peut transformer la corvée des devoirs en étape vers quelque chose de plaisant.

Elle évite la transition difficile de l’écran vers l’effort cognitif. Après une session d’écran, le cerveau est en mode de réception passive et de stimulation intense. Le faire basculer vers l’attention soutenue et l’effort que demandent les devoirs génère souvent des résistances.

Elle garantit que les devoirs sont faits. Si l’écran vient en premier, le risque existe que le temps s’étire, que l’enfant résiste à arrêter, et que les devoirs soient bâclés ou reportés au lendemain matin dans la précipitation.

Comment mettre en place cette routine

La mise en place de cette routine demande quelques ajustements pratiques.

Au retour de l’école, accordez un temps de décompression (goûter, récit de la journée, quelques minutes de jeu libre) avant d’attaquer les devoirs. L’enfant a besoin de souffler après sa journée d’école.

Définissez un lieu de travail adapté : calme, bien éclairé, sans distractions, et idéalement sans écrans à proximité. La cuisine peut convenir, permettant votre présence à proximité pour aider si nécessaire.

Annoncez clairement la règle et la récompense : « Tu fais tes devoirs, et quand ils sont terminés correctement, tu pourras avoir ton temps d’écran. » Cette formulation lie les deux activités dans une séquence positive.

Vérifiez la qualité des devoirs avant de passer aux écrans. L’objectif n’est pas seulement de les terminer vite, mais de les faire correctement. Si le travail est bâclé, demandez de le refaire avant d’accéder à l’écran.

Gérer les résistances

L’enfant habitué à avoir accès aux écrans dès son retour de l’école résistera probablement au changement. Anticipez cette résistance et restez ferme.

Expliquez les raisons du changement de manière adaptée à son âge. Reconnaissez que c’est difficile et que vous comprenez sa frustration. Maintenez la règle avec constance : les exceptions érodent le cadre et renforcent les négociations. Valorisez ses efforts quand il respecte la nouvelle routine.

Après quelques semaines, la nouvelle habitude sera installée et les résistances s’estomperont. L’enfant trouvera même probablement cette organisation plus satisfaisante, car il profite de son temps d’écran sans l’anxiété des devoirs à faire après.

L’alternative : un temps d’écran de transition

Quand cette option peut se justifier

Dans certains cas, un bref temps d’écran avant les devoirs peut être envisagé, à condition d’être strictement encadré.

Pour les enfants qui ont de longues journées (école plus garderie), le besoin de décompression peut être intense. Un temps d’écran limité (15-20 minutes maximum) peut servir de sas de décompression avant les devoirs.

Pour les enfants ayant des difficultés de concentration, commencer immédiatement les devoirs peut être contre-productif. Un temps de pause, éventuellement avec écran, peut leur permettre de récupérer avant de se concentrer à nouveau.

Les conditions strictes pour que ça fonctionne

Si vous optez pour cette organisation, plusieurs conditions sont impératives.

Le temps d’écran doit être très court et strictement limité. On parle de 15-20 minutes maximum, pas d’une heure. Le contenu doit être choisi à l’avance et de durée définie. Un épisode d’un dessin animé court, une session sur une application éducative avec minuteur. Pas de contenus sans fin comme YouTube où les vidéos s’enchaînent.

Un minuteur visible matérialise le temps restant. Quand il sonne, l’écran s’éteint, sans négociation. Les devoirs commencent immédiatement après, pas de transition prolongée.

Un deuxième temps d’écran peut être proposé après les devoirs si le quota quotidien le permet. Cette perspective maintient la motivation.

Les risques de cette approche

Cette organisation comporte des risques qu’il faut anticiper.

La transition de l’écran vers les devoirs reste une transition difficile, même après un court temps d’écran. L’enfant peut être de mauvaise humeur, traîner les pieds, réclamer encore.

Le temps d’écran peut dériver si les limites ne sont pas tenues fermement. 15 minutes deviennent 30, puis 45, et les devoirs sont repoussés.

L’enfant peut développer l’habitude de considérer l’écran comme un préalable obligatoire aux devoirs, créant une dépendance au rituel.

Pour ces raisons, l’organisation devoirs puis écran reste généralement préférable. L’écran de transition doit être réservé aux situations où elle s’avère vraiment nécessaire.

Le cas des devoirs sur écran

Quand les devoirs nécessitent un ordinateur

De plus en plus d’enseignants utilisent des outils numériques et certains devoirs nécessitent un ordinateur ou une tablette. Comment gérer cette situation où l’écran est à la fois outil de travail et source de distraction ?

Distinguez clairement le temps d’écran pour les devoirs et le temps d’écran de loisir. Le premier ne doit pas être comptabilisé dans le quota de loisir.

Aménagez l’environnement numérique pour le travail. Sur l’ordinateur, fermez les applications et onglets non nécessaires. Désactivez les notifications. Si possible, utilisez un profil utilisateur dédié aux devoirs, sans accès aux jeux et aux réseaux sociaux.

Restez à proximité pendant le temps de devoirs sur ordinateur, surtout pour les plus jeunes. Votre présence décourage les dérives vers des usages non scolaires.

Limiter la tentation du multitâche

Les enfants et adolescents sont tentés de faire leurs devoirs en gardant un œil sur les réseaux sociaux ou en écoutant des vidéos en arrière-plan. Ce multitâche est très néfaste pour la qualité du travail et la mémorisation.

Établissez une règle claire : pendant les devoirs, on ne fait que les devoirs. Pas de téléphone à côté, pas d’onglet Facebook ouvert, pas de musique avec des paroles. Certaines études suggèrent que la musique instrumentale douce peut aider la concentration, mais les contenus avec paroles ou les vidéos la perturbent.

L’écran comme récompense : avantages et limites

Les avantages de la logique récompense

Utiliser l’écran comme récompense pour les devoirs terminés présente des avantages motivationnels. L’enfant a un objectif concret et attrayant vers lequel tendre. La perspective de l’écran peut aider à traverser les passages difficiles des devoirs.

Cette logique reproduit aussi un schéma de la vie adulte : le travail avant le loisir, l’effort avant la récompense. Apprendre ce principe dès l’enfance prépare à la gestion des responsabilités ultérieures.

Les limites à avoir en tête

Il ne faut cependant pas pousser cette logique trop loin. Les devoirs ne doivent pas être vécus uniquement comme un passage obligé vers l’écran, une corvée sans valeur intrinsèque.

Valorisez également l’intérêt propre des devoirs : ce qu’on apprend, les compétences qu’on développe, la fierté d’avoir compris quelque chose. L’écran est une récompense agréable, mais ce n’est pas la seule raison de faire ses devoirs.

De même, évitez de retirer l’écran comme punition pour de mauvaises notes ou un travail insuffisant. Cette approche lie trop fortement la valeur de l’écran à la performance scolaire et peut générer anxiété et ressentiment. Des conséquences plus naturelles (refaire le travail, passer plus de temps sur la matière difficile) sont préférables.

L’organisation le week-end et pendant les vacances

Le week-end : plus de flexibilité

Le week-end, sans la contrainte des devoirs quotidiens, l’organisation peut être plus souple. L’écran peut trouver sa place à différents moments de la journée, sans être nécessairement conditionné à une tâche préalable.

Cependant, si des devoirs de week-end ont été donnés, maintenez le principe de les faire avant les sessions d’écran prolongées. Réservez le samedi matin ou le dimanche après-midi pour le travail scolaire, et laissez l’écran pour les moments où tout est fait.

Les vacances : maintenir une structure

Pendant les vacances, la tentation est grande de laisser les écrans envahir les journées libérées des contraintes scolaires. Une structure minimale reste nécessaire.

Si des devoirs de vacances sont donnés, répartissez-les sur la période et maintenez le principe de les faire avant le temps d’écran de la journée. Même sans devoirs, d’autres activités peuvent conditionner l’accès à l’écran : lecture, activité créative, temps en extérieur.

Cette structure évite que les vacances ne deviennent des semaines de consommation passive d’écrans, dont l’enfant ressort plus fatigué et moins épanoui qu’avant.

Adapter l’approche à l’âge de l’enfant

Pour les jeunes enfants (6-8 ans)

Pour les plus jeunes, les devoirs sont généralement courts et l’autonomie limitée. Le parent est souvent présent pour superviser le travail.

Enchaînez directement le goûter, les devoirs et l’écran. La présence parentale pendant les devoirs permet de gérer la transition vers l’écran de manière fluide. Le temps d’écran lui-même reste limité (30-45 minutes) et peut être partagé avec le parent.

Pour les enfants d’âge moyen (9-11 ans)

À cet âge, les devoirs sont plus consistants et l’enfant gagne en autonomie. La règle devoirs puis écran peut être appliquée avec moins de supervision directe, tout en vérifiant que le travail est bien fait avant d’autoriser l’écran.

Introduisez progressivement l’auto-gestion. L’enfant peut estimer lui-même le temps nécessaire pour ses devoirs, s’y mettre de son propre chef, et vous solliciter pour la vérification quand il a terminé.

Pour les adolescents

À l’adolescence, la charge de travail augmente et la négociation sur les règles s’intensifie. L’approche doit évoluer vers plus de responsabilisation.

Plutôt que d’imposer un séquencement rigide, discutez avec l’adolescent de la manière dont il souhaite organiser son temps. Certains préfèrent une courte pause en rentrant puis un bloc de travail, d’autres enchaînent directement. L’important est que les devoirs soient faits correctement et que le temps d’écran ne sabote pas le sommeil.

Fixez ensemble des objectifs (devoirs terminés à telle heure, coucher à telle heure) et laissez-lui la responsabilité de l’organisation pour les atteindre. Intervenez si les objectifs ne sont pas respectés.

Ressources pour accompagner

Des applications pour un usage équilibré

Quand vient le temps d’écran après les devoirs, orientez votre enfant vers des applications de qualité qui favorisent un usage équilibré.

COCO PENSE et COCO BOUGE
L’application COCO PENSE et COCO BOUGE de DYNSEO est parfaite pour le créneau post-devoirs. Ses jeux éducatifs stimulent les capacités cognitives, prolongeant en quelque sorte les bénéfices de l’effort scolaire. Les pauses sportives obligatoires toutes les 15 minutes évitent la sédentarité et facilitent le respect des limites de temps. Découvrir COCO PENSE et COCO BOUGE

Se former pour mieux accompagner

Comprendre les enjeux de l’articulation entre devoirs et écrans permet de prendre des décisions éclairées et de les tenir face aux résistances.

Formation DYNSEO sur les écrans
La formation « Sensibiliser aux écrans : comprendre, agir, accompagner » de DYNSEO vous donne les clés pour organiser le quotidien de vos enfants de manière optimale.

Sensibiliser les enfants

Les enfants peuvent comprendre pourquoi on organise ainsi les devoirs et les écrans. Cette compréhension favorise leur adhésion.

Atelier de sensibilisation aux écrans
L’atelier de sensibilisation aux écrans de DYNSEO propose des ressources pédagogiques pour aborder ces questions avec les enfants. Découvrir l’atelier

Conclusion : une organisation au service de la réussite

L’articulation entre devoirs et écrans n’est pas une question anodine. Elle façonne les habitudes de travail de votre enfant, influence sa réussite scolaire, et lui transmet des valeurs sur la gestion du temps et des priorités.

L’organisation devoirs puis écran reste la recommandation générale, car elle établit le bon ordre des priorités, utilise la motivation naturelle vers l’écran, et évite les transitions difficiles. Des ajustements sont possibles selon les enfants et les situations, mais le principe fondamental demeure : les responsabilités avant les loisirs.

Cette organisation, tenue avec constance et bienveillance, devient rapidement une habitude qui simplifie la vie familiale. Les négociations quotidiennes s’estompent, les devoirs se font sans drame, et le temps d’écran est apprécié comme une récompense méritée.

En accompagnant votre enfant vers cette organisation, vous lui donnez des outils précieux pour sa vie future : la capacité à différer les gratifications, à gérer son temps, à hiérarchiser ses activités. Ces compétences le serviront bien au-delà de la question des écrans et des devoirs.

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