Les troubles du langage dans Alzheimer : comprendre et adapter sa communication

title: Troubles du langage Alzheimer : comprendre l’aphasie et communiquer efficacement

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Temps de lecture : 29 minutes

« Maman cherche ses mots, elle dit ‘le truc pour manger’ au lieu de ‘fourchette’. » « Papa répète toujours les mêmes phrases. » « Elle ne comprend plus ce que je lui dis. » « On ne peut plus avoir de vraies conversations. » « Les mots disparaissent, et avec eux, notre lien. »

Les troubles du langage sont au cœur du drame d’Alzheimer. Les mots se perdent, les phrases se désintègrent, la compréhension s’effondre. Votre proche, qui parlait, riait, racontait des histoires, devient progressivement muet, ou pire encore, prisonnier d’un langage chaotique qui ne dit plus rien. Cette perte du langage brise la communication, isole, frustre, et symbolise cruellement l’effacement progressif de la personne.

Mais la communication ne se résume pas aux mots. Avec compréhension des troubles du langage, adaptation de votre façon de parler, et utilisation du langage non verbal, il est possible de maintenir un lien, de continuer à se comprendre, et de préserver une connexion humaine précieuse malgré la perte des mots.

Ce guide vous explique comment le langage se détériore dans Alzheimer, et vous donne des stratégies concrètes pour continuer à communiquer efficacement avec votre proche.

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Table des matières

1. Comprendre les troubles du langage

2. Évolution des troubles selon les stades

3. Stratégies pour faciliter communication

4. Communication non verbale

5. Gérer frustrations et incompréhensions

6. Maintenir le lien malgré la perte des mots

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Comprendre les troubles du langage {#comprendre}

Qu’est-ce que l’aphasie ?

Définition : Trouble du langage (expression et/ou compréhension) dû à lésions cérébrales.

Dans Alzheimer : Aphasie progressive (contrairement AVC = brutale).

Zones cérébrales touchées :

• Aire Broca (production langage)
• Aire Wernicke (compréhension)
• Connexions entre aires

Alzheimer détruit progressivement ces zones → Langage se désintègre.

Types de troubles

1. Manque du mot (anomie)

Symptôme principal : Ne trouve plus le mot qu’elle cherche.

Exemples :

• « Je veux le… le truc… tu sais… » (cherche « téléphone »)
• Remplace par mot vague : « La chose », « le machin »
• Circonlocutions : « Le truc pour écrire » (stylo)

Stade précoce : Manque mots rares, noms propres.

Stade avancé : Manque mots courants.

2. Paraphasies

Substitution mots (erreurs) :

Paraphasie sémantique : Mot proche sens :

• Dit « fourchette » pour « couteau »
• Dit « chien » pour « chat »

Paraphasie phonémique : Mot proche sonorité :

• Dit « tomate » pour « toiture »

Néologismes : Mots inventés (n’existent pas).

3. Troubles compréhension

Ne comprend plus ce qu’on lui dit :

• Instructions complexes : Incompréhensibles
• Phrases longues : Perd fil
• Mots abstraits : Ne saisit plus sens

Stade avancé : Même mots simples deviennent flous.

4. Troubles syntaxe

Phrases mal construites :

• Mots dans désordre : « Manger moi veux »
• Perte grammaire : Plus de conjugaison, accords

5. Écholalie

Répète ce qu’on dit (comme écho).

Exemple :

• Vous : « Tu veux manger ? »
• Elle : « Tu veux manger ? »

Stade avancé : Répétition automatique, sans compréhension.

6. Persévération

Répète même mot/phrase en boucle.

Exemple : Dit « oui oui oui » 20 fois, ou répète même question 10 fois.

7. Perte langage (mutisme)

Stade très avancé : Ne parle plus du tout (ou sons incompréhensibles).

Communication verbale impossible.

Ce n’est PAS volontaire

Votre proche ne fait pas exprès de dire mots faux, de répéter, de ne pas comprendre.

Cerveau endommagé : Langage hors contrôle.

Principe : Patience, adaptation, pas de reproches.



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Évolution des troubles selon les stades {#evolution}

Stade léger

Manque du mot occasionnel :

• Mots rares, noms propres
• Circonlocutions (« le truc pour… »)
• Gêne, conscience trouble

Compréhension : Globalement préservée (instructions simples OK).

Conversations possibles : Avec ajustements.

Stade modéré

Manque du mot fréquent :

• Mots courants aussi
• Paraphasies (erreurs mots)
• Phrases courtes, mal construites

Compréhension réduite :

• Phrases longues/complexes : Non
• Instructions simples : Parfois OK

Répétitions (écholalie, persévération) apparaissent.

Conversations difficiles : Besoin adaptation importante.

Stade avancé

Langage très pauvre :

• Mots isolés (plus phrases)
• Jargon incompréhensible
• Écholalie systématique

Compréhension quasi nulle :

• Même consignes simples : Incomprises
• Ton voix, émotions : Peut-être captés

Mutisme progressif : Vers fin, ne parle plus.

Communication verbale impossible → Communication non verbale cruciale.

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Stratégies pour faciliter communication {#strategies}

Principes généraux

1. Simplifier langage

Phrases courtes : 5-7 mots max.

Mots simples : Concrets (pas abstraits).

Une idée à la fois.

2. Parler lentement

Débit lent : Laisse temps traiter information.

Pauses entre phrases.

3. Ton calme, doux

Pas crier (aggrave confusion, anxiété).

Voix rassurante.

4. Regarder dans les yeux

Contact visuel : Capte attention.

Face à face (pas parler de loin).

5. Répéter si nécessaire

Si ne comprend pas : Répéter (mêmes mots, ou reformuler plus simple).

Patience : Pas agacement visible.

Stratégies selon type de trouble

Pour manque du mot :

Si cherche mot :

Laisser temps : Patience (10-20 sec), peut trouver.

Aider discrètement :

• Donner début mot : « Tu cherches… télé… ? »
• Proposer choix : « Tu veux le téléphone ou la télécommande ? »

Ne pas finir phrases systématiquement (frustrant pour elle).

Accepter circonlocutions : Comprendre intention (pas corriger constamment).

Pour paraphasies :

Si dit mot faux :

Comprendre intention (contexte).

Exemple : Dit « chien » en montrant chat → Comprendre parle du chat.

Corriger doucement (si nécessaire) : « Ah, le chat, oui. »

Pas insister si persiste erreur (pas débat).

Pour troubles compréhension :

Instructions simples :

Une consigne à la fois :

• Pas : « Va dans la chambre, prends ta veste, et reviens. »
• Mais : « Va dans la chambre. » [Attend qu’elle y aille] « Prends ta veste. » [Attend] « Reviens. »

Mots concrets : « Mets tes chaussures » (OK). « Prépare-toi » (trop vague).

Gestes accompagnent : Montrer chaussures en disant « mets tes chaussures ».

Vérifier compréhension : Observer si exécute (si non, reformuler).

Pour écholalie :

Si répète comme écho :

Reformuler en affirmation :

• Vous : « Tu veux manger ? » → Elle : « Tu veux manger ? »
• Vous reformulez : « On va manger maintenant. »

Poser questions fermées (oui/non) plutôt qu’ouvertes.

Pour persévération :

Si répète en boucle :

Répondre calmement première fois, puis ignorer doucement (pas agacement).

Rediriger attention : Changer sujet, activité.

Outils visuels

Montrer objets :

Accompagner mots par objet : « Tu veux boire ? » (montrer verre).

Photos, pictogrammes : Supports visuels (si mots seuls insuffisants).

Gestes : Mimer action (« manger » : geste porter main bouche).

Écriture : Écrire mot en gros (si lit encore).

Éviter

Questions ouvertes : « Qu’est-ce que tu veux faire ? » (trop complexe).

Phrases longues/complexes.

Parler vite, fort.

Interrompre quand elle parle (même lent, incohérent).

Corriger constamment (humiliant).

Parler d’elle en sa présence (comme absente).

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Communication non verbale {#non-verbal}

Pourquoi cruciale

Langage verbal se perd → Communication non verbale devient essentielle.

Stade avancé : Seul moyen communication.

Types communication non verbale

1. Regard

Contact visuel : Connexion (je suis là, je te vois).

Regarder dans yeux : Transmet attention, amour.

2. Toucher

Main sur main : Réconfort.

Caresses cheveux, joue : Tendresse.

Massage doux : Apaisement.

Tenir main : Lien physique rassurant.

Attention : Si hyperpudeur/refus contact, respecter.

3. Expressions faciales

Sourire : Émotion positive transmise (même si elle ne sourit plus, sent bienveillance).

Visage serein : Rassure.

Éviter : Froncement sourcils, tension (perçu comme menace).

4. Ton voix

Même si mots non compris, ton voix capté :

Ton doux, chaud : Apaise.

Ton agacé, froid : Angoisse.

Chanter : Mélodie peut apaiser (même sans mots).

5. Langage corporel

Proximité physique : Près d’elle (pas distant).

Posture ouverte : Face à elle, détendu.

Gestes lents : Pas brusques (effrayants).

6. Musique

Écouter musique ensemble : Communication émotionnelle (pas mots, mais partage émotion).

Chansons aimées : Mémoire musicale préservée (peut fredonner, même si ne parle plus).

7. Activités partagées

Faire ensemble (sans mots) :

• Promenade main dans main
• Regarder photos (silence OK, présence compte)
• Activités manuelles côte à côte

Présence = Communication.

Communication par validation émotionnelle

Si exprime émotion (même confusément) :

Valider : « Je vois que tu es triste/en colère/heureuse. »

Pas nier : « Non, tu n’as pas raison d’être triste » (invalide).

Accompagner émotion : Être là, rassurer.

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Gérer frustrations et incompréhensions {#gerer-frustrations}

Frustration de votre proche

Ne trouve plus mots → Colère, pleurs, agitation.

Ne comprend plus → Anxiété, panique.

Stratégies :

Rester calme : Votre calme apaise.

Rassurer : « C’est pas grave, je suis là, on va se comprendre. »

Ne pas insister : Si trop frustré, changer sujet, revenir plus tard.

Valoriser tentatives : « Tu essaies, c’est bien. »

Distraction : Rediriger attention vers activité apaisante.

Frustration aidant

Répétitions épuisantes, incompréhension mutuelle → Vous êtes à bout.

Stratégies :

Pause : Si trop frustré, sortir 5 min, respirer.

Accepter limites : Communication parfaite impossible (accepter).

Chercher moments connexion : Même sans mots (regards, sourires, toucher).

Soutien : Groupes parole, psychologue (partager frustrations).

Quand communication verbale échoue

Basculer non verbal : Geste, toucher, présence.

Accepter silence : Être ensemble sans parler = OK (présence suffit).

Lâcher prise : Pas tout comprendre, pas tout se dire = Normal (maladie).

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Maintenir le lien malgré la perte des mots {#maintenir-lien}

Communication n’est pas que mots

Lien = Présence, attention, amour (pas seulement mots).

Même mutisme : Connexion possible (regards, toucher, émotions).

Activités maintenant lien

Musique :

• Écouter ensemble
• Chanter (même si elle ne chante plus, vous chantez)
• Danser doucement

Photos :

• Regarder albums
• Parler vous (elle écoute, même si ne répond pas)
• Mémoire émotionnelle activée

Promenades :

• Main dans main
• Silence OK (nature, air, mouvement partagés)

Soins corporels :

• Coiffer, masser, mettre crème mains
• Toucher bienveillant = Communication

Rire :

• Films comiques, blagues simples
• Rire ensemble (même si ne comprend pas tout, émotion partagée)

Parler même si ne répond plus

Continuez parler (même stade avancé) :

Raconter votre journée, lire histoire, chanter :

• Son cerveau capte (même si ne montre pas)
• Votre voix = Présence rassurante

Pas attendre réponses : Monologue OK (elle vous entend).

Accepter nouvelle forme de communication

Avant : Conversations riches, échanges profonds.

Maintenant : Communication simplifiée, silences, non verbal.

Différent, mais pas absence de lien.

Deuil ancienne communication, mais célébrer nouvelle (précieuse aussi).

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Rôle orthophoniste

Quand consulter

Stade léger/modéré : Orthophoniste peut aider.

Stade avancé : Moins efficace (mais conseils aidant utiles).

Ce qu’apporte orthophoniste

Évaluation : Précise troubles langage.

Rééducation :

• Exercices stimulation langage
• Stratégies compensation (gestes, supports visuels)
• Maintien capacités plus longtemps

Conseils aidant : Techniques communication adaptées.

Prévention déglutition : Surveillance (si aphasie bucco-faciale).

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Stimulation langage avec EDITH

Programme EDITH propose jeux stimulant langage :

Jeux vocabulaire : Nommer images, catégoriser.

Jeux mémoire verbale : Répéter mots, phrases.

Stimulation auditive : Écoute, compréhension.

15 min/jour : Maintien capacités langagières (stade léger/modéré).

Complément : Orthophonie, communication quotidienne.

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Témoignages

Claire, aidante de sa mère

« Maman ne trouve plus ses mots. Au début, je finissais ses phrases (impatience). Orthophoniste m’a dit : ‘Laisse-la chercher, aide discrètement.’ Maintenant, j’attends, je propose début mot. Elle trouve parfois. Et même si non, on se comprend (gestes, contexte). Moins frustration (pour elle, pour moi). »

Marc, fils de son père

« Papa stade avancé, ne parle presque plus. Mais on écoute musique ensemble chaque soir. Je chante, il fredonne (parfois). Pas mots, mais connexion. Musique = Notre langage maintenant. Précieux. »

Sophie, aidante de son mari

« Je parle à mon mari même s’il ne répond plus. Je raconte ma journée, lis journal, chante. Médecin m’a dit : ‘Continue, il entend, ça compte.’ Parfois, il serre ma main. C’est sa réponse. Communication différente, mais réelle. »

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Conclusion : Au-delà des mots

Les mots disparaissent, mais le lien, lui, peut rester. Communication n’est pas seulement langage, c’est présence, regard, toucher, émotion partagée. Même quand les mots se perdent dans le brouillard d’Alzheimer, votre voix, vos mains, votre amour continuent à parler. Et votre proche, même silencieux, entend, ressent, existe encore à travers votre connexion.

Les clés pour communiquer malgré troubles langage :

1. ✅ Simplifier (phrases courtes, mots simples, lentement)

2. ✅ Adapter (selon type trouble, stade maladie)

3. ✅ Outils visuels (montrer, mimer, gestes)

4. ✅ Communication non verbale (toucher, regard, présence)

5. ✅ Patience infinie (pas précipiter, pas corriger constamment)

6. ✅ Valoriser tentatives (encouragements)

7. ✅ Maintenir lien (activités partagées, musique, présence)

Vous n’êtes pas seul(e). Notre formation Alzheimer détaille communication adaptée. EDITH stimule langage (stade léger/modéré). Guide gratuit : Toutes stratégies quotidiennes.

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Ressources DYNSEO pour maintenir communication :

• Formation Alzheimer : Communication et troubles langage
• EDITH : Stimulation langage et vocabulaire
• Guide gratuit pour accompagner les personnes Alzheimer

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Les mots s’en vont, mais vous restez. Et c’est vous, votre présence, votre patience, votre amour qui parle désormais. Chaque mot simple que vous prononcez, chaque main tenue, chaque chanson fredonnée : tout cela dit « Je suis là, tu n’es pas seul(e), je t’aime. » Et ce message-là, au-delà des mots, traverse toutes les aphasies du monde. Continuez à parler. Avec mots ou sans. Votre voix reste le phare dans la tempête.