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Le diabète est l’une des pathologies chroniques les plus fréquentes chez les personnes âgées, touchant environ 20% des plus de 75 ans. Sa gestion au quotidien nécessite une vigilance constante et une coordination étroite entre les professionnels de santé, les aides à domicile et la personne elle-même. Pour les auxiliaires de vie, comprendre les bases du diabète, savoir reconnaître les signes d’alerte et connaître les limites de son rôle est essentiel pour contribuer efficacement à la sécurité et au bien-être des personnes diabétiques accompagnées.
Ce guide complet vous présente les fondamentaux du diabète, la surveillance glycémique, la prévention des complications (notamment podologiques), la reconnaissance et la gestion des hypo et hyperglycémies, et le rôle de chaque acteur dans cette prise en charge partagée.
Comprendre le diabète
Qu’est-ce que le diabète ?
Le diabète est une maladie chronique caractérisée par un excès de sucre (glucose) dans le sang. Cette hyperglycémie résulte d’un défaut de production ou d’action de l’insuline, l’hormone qui permet au glucose de pénétrer dans les cellules.
Le diabète de type 2 est de loin le plus fréquent chez les personnes âgées (90% des cas). Il associe :
- Une résistance des cellules à l’action de l’insuline
- Une diminution progressive de la production d’insuline
Il se développe progressivement, souvent associé au surpoids et à la sédentarité.
Le diabète de type 1 est plus rare et survient généralement chez les jeunes. Le pancréas ne produit plus d’insuline et un traitement par insuline est indispensable.
Les risques du diabète non contrôlé
Un diabète mal équilibré, sur le long terme, entraîne des complications graves :
Complications cardiovasculaires : infarctus, AVC, artérite des membres inférieurs.
Complications rénales : insuffisance rénale pouvant nécessiter la dialyse.
Complications oculaires : rétinopathie diabétique pouvant conduire à la cécité.
Complications neurologiques : neuropathie (atteinte des nerfs, notamment des pieds).
Complications infectieuses : fragilité face aux infections.
Complications podologiques : plaies des pieds pouvant évoluer vers la gangrène et l’amputation.
Les objectifs du traitement
L’objectif est de maintenir la glycémie dans une fourchette acceptable pour prévenir les complications, tout en évitant les hypoglycémies dangereuses.
Chez la personne âgée, les objectifs sont souvent moins stricts que chez les patients plus jeunes, car le risque d’hypoglycémie est plus dangereux à court terme que celui d’une hyperglycémie modérée.
La surveillance glycémique
Les outils de surveillance
L’autosurveillance glycémique :
- Mesure de la glycémie capillaire (au bout du doigt)
- Avec un lecteur de glycémie et des bandelettes
- Fréquence variable selon le type de traitement et les consignes médicales
L’hémoglobine glyquée (HbA1c) :
- Mesure en laboratoire
- Reflète l’équilibre glycémique des 3 derniers mois
- Réalisée tous les 3 à 4 mois
Les capteurs de glucose en continu :
- Petits capteurs placés sous la peau
- Mesurent en permanence le glucose interstitiel
- De plus en plus utilisés, même chez les personnes âgées
Le rôle de l’aide à domicile dans la surveillance
Ce que l’aide à domicile peut faire :
- Rappeler à la personne de faire sa glycémie
- Observer que la surveillance est réalisée
- Noter les résultats si la personne le demande
- Signaler les valeurs anormales à l’infirmier ou au médecin
Ce que l’aide à domicile ne peut PAS faire (réservé aux soignants) :
- Réaliser la glycémie capillaire (sauf habilitation spécifique)
- Interpréter les résultats
- Modifier le traitement
Exceptions : dans certains contextes et avec une formation spécifique, l’aide à domicile peut être habilitée à réaliser les glycémies capillaires sous la responsabilité de l’infirmier coordinateur.
L’alimentation du diabétique
Les principes de base
Le régime diabétique moderne n’est plus un régime de restriction sévère mais une alimentation équilibrée :
Régularité des repas : trois repas par jour à heures régulières, éventuellement des collations.
Équilibre glucidique : les glucides (féculents, fruits, produits sucrés) sont autorisés mais en quantités contrôlées et répartis sur la journée.
Limiter les sucres rapides : sodas, confiseries, pâtisseries… surtout en dehors des repas.
Privilégier les fibres : légumes, fruits entiers, céréales complètes, qui ralentissent l’absorption du glucose.
Surveiller les graisses : limiter les graisses saturées (beurre, charcuterie, fromage) pour prévenir les complications cardiovasculaires.
Le rôle de l’aide à domicile
Pendant les courses :
- Aider à choisir des produits adaptés
- Être vigilant sur les « pièges » (produits « allégés » en sucres mais riches en graisses, etc.)
Pendant la préparation des repas :
- Appliquer les conseils du diététicien
- Équilibrer les repas
- Varier l’alimentation pour maintenir le plaisir
Pendant les repas :
- S’assurer que la personne mange suffisamment (risque de dénutrition + hypoglycémie)
- Respecter les horaires des repas, surtout si la personne est sous insuline
Les pieds diabétiques : une vigilance capitale
Pourquoi les pieds sont-ils à risque ?
Le diabète fragilise les pieds de deux façons :
La neuropathie : les nerfs des pieds sont atteints, entraînant :
- Perte de sensibilité (la personne ne sent plus les blessures)
- Déformations des pieds (favorisant les points d’appui anormaux)
- Peau sèche et fragile
L’artériopathie : les artères des jambes se rétrécissent, entraînant :
- Mauvaise circulation sanguine
- Cicatrisation difficile
- Risque de gangrène
La prévention au quotidien
L’inspection quotidienne des pieds est fondamentale :
- Regarder chaque pied, dessus, dessous, entre les orteils
- Utiliser un miroir si la personne ne peut pas voir
- Rechercher : rougeurs, plaies, crevasses, cors, durillons, mycoses, ongles incarnés
Les soins d’hygiène :
- Lavage quotidien à l’eau tiède (pas chaude, risque de brûlure non sentie)
- Séchage soigneux, surtout entre les orteils
- Hydratation avec une crème (pas entre les orteils)
- Couper les ongles droit, sans couper les coins (ou confier au pédicure-podologue)
Le choussage :
- Chaussures confortables, adaptées, sans coutures intérieures blessantes
- Chaussettes en coton, sans couture épaisse, changées tous les jours
- Ne jamais marcher pieds nus
Ce qu’il faut éviter :
- Bains de pieds prolongés (macération)
- Bouillotte ou radiateur contre les pieds (brûlure)
- Couper soi-même les cors ou durillons
- Utiliser des produits corrosifs
Le rôle de l’aide à domicile
Inspecter les pieds lors de la toilette : signaler immédiatement toute anomalie.
Appliquer les soins d’hygiène conformément aux recommandations.
Alerter en cas de :
- Plaie, même petite
- Rougeur qui ne disparaît pas
- Gonflement, chaleur
- Écoulement, mauvaise odeur
- Douleur (si elle est ressentie)
Une plaie au pied chez un diabétique est une URGENCE qui nécessite une consultation médicale rapide.
Reconnaître et réagir aux urgences glycémiques
L’hypoglycémie
Qu’est-ce que c’est ?
Une glycémie trop basse (généralement < 0,70 g/L). C'est l'urgence la plus immédiate chez le diabétique traité.
Les causes :
- Repas sauté ou insuffisant
- Activité physique inhabituelle
- Surdosage de médicaments (insuline, sulfamides)
- Erreur dans les horaires de prise
- Alcool
Les signes :
- Sueurs, pâleur
- Tremblements
- Faim intense
- Fatigue soudaine
- Troubles de la concentration, confusion
- Troubles visuels
- Comportement inhabituel (irritabilité, agressivité)
- Vertiges, malaise
La conduite à tenir :
1. Ne pas paniquer
2. Si la personne est consciente et peut avaler :
– Donner immédiatement du sucre rapide : 3 morceaux de sucre, un verre de jus de fruits, une cuillère de miel
– Attendre 15 minutes
– Renouveler si les signes persistent
– Puis donner une collation (pain, biscuit) pour stabiliser
3. Si la personne est inconsciente ou ne peut pas avaler :
– Ne rien donner par la bouche (risque de fausse route)
– Appeler le 15 immédiatement
– Mettre en PLS si nécessaire
L’hyperglycémie
Qu’est-ce que c’est ?
Une glycémie trop élevée. Elle est moins urgente à court terme que l’hypoglycémie mais doit être signalée.
Les causes :
- Alimentation trop riche en sucres
- Oubli de traitement
- Infection, maladie intercurrente
- Stress
- Corticoïdes
Les signes (souvent moins nets que l’hypoglycémie) :
- Soif intense
- Urines abondantes
- Fatigue
- Vision trouble
- Nausées
La conduite à tenir :
- Encourager à boire de l’eau
- Vérifier que le traitement a été pris
- Signaler à l’infirmier ou au médecin
- Surveillance rapprochée
Alerte rouge : si hyperglycémie très élevée (> 3 g/L) + nausées/vomissements + respiration rapide + confusion : appeler le 15 (risque de coma diabétique).
Les rôles partagés dans la gestion du diabète
Le médecin
- Pose le diagnostic
- Prescrit le traitement
- Fixe les objectifs glycémiques
- Ajuste le traitement
- Surveille les complications
L’infirmier
- Réalise les glycémies capillaires si nécessaire
- Administre l’insuline si prescrite
- Éduque le patient à l’autosurveillance
- Surveille les pieds
- Coordonne les soins
Le diététicien
- Établit un plan alimentaire adapté
- Éduque sur les équivalences glucidiques
- Adapte aux goûts et habitudes
Le podologue
- Soins des pieds spécialisés
- Prévention des lésions
- Consultations régulières (remboursées pour les diabétiques à risque)
L’aide à domicile
- Observe et signale les anomalies
- Aide à l’alimentation équilibrée
- Rappelle les prises de médicaments
- Inspecte les pieds lors de la toilette
- Reconnaît les signes d’hypo/hyperglycémie
- Applique les premiers gestes en cas d’hypoglycémie
- Transmet les informations
La personne diabétique et sa famille
- Participe activement à sa prise en charge
- Suit les recommandations
- Signale les difficultés
- Connaît les signes d’alerte
La stimulation cognitive et le diabète
Le lien entre diabète et cognition
Le diabète augmente le risque de déclin cognitif et de démence. Les hypoglycémies répétées peuvent également altérer les fonctions cognitives.
Le programme EDITH de DYNSEO permet de stimuler les fonctions cognitives des personnes âgées diabétiques. Maintenir une activité cognitive régulière contribue au bien-être global et peut aider à préserver les capacités nécessaires à la gestion du diabète au quotidien (observance du traitement, reconnaissance des signes d’alerte…).
La formation et les ressources
Se former pour mieux accompagner
La formation « Stimuler et créer du lien avec les jeux DYNSEO » développe les compétences relationnelles essentielles pour accompagner les personnes atteintes de maladies chroniques comme le diabète.
Les ressources pratiques
La Boîte à outils de l’aide à domicile de DYNSEO offre des ressources concrètes pour l’accompagnement des personnes atteintes de pathologies chroniques.
Conclusion : un équilibre au quotidien
La gestion du diabète est un équilibre permanent entre alimentation, traitement et surveillance. Cet équilibre est l’affaire de tous : médecin, infirmier, diététicien, podologue, aide à domicile, et bien sûr la personne elle-même.
L’aide à domicile, par sa présence quotidienne, joue un rôle clé :
- Dans l’observation et le signalement des anomalies
- Dans l’aide à l’alimentation équilibrée
- Dans l’inspection des pieds
- Dans la reconnaissance des urgences glycémiques
- Dans la transmission des informations à l’équipe soignante
Connaître ses responsabilités et ses limites, observer attentivement, transmettre fidèlement : tels sont les piliers d’un accompagnement sécurisé de la personne diabétique.
DYNSEO accompagne les professionnels avec des outils de stimulation cognitive, de formation et de ressources pratiques. Car accompagner une maladie chronique, c’est accompagner une vie, jour après jour.
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Ressources complémentaires DYNSEO :
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Article rédigé par DYNSEO, spécialiste des solutions numériques pour le bien-vieillir et l’accompagnement des troubles cognitifs.