L’hyperactivité n’est pas de l’agitation : un besoin neurologique de bouger

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Comprendre pourquoi votre enfant TDAH doit bouger pour mieux fonctionner

Introduction : « Mais reste donc tranquille ! »

Il se balance sur sa chaise. Il tapote du pied sous la table. Il manipule tout ce qui lui passe sous la main. Il se lève pour la dixième fois en dix minutes. Il court dans les couloirs. Il ne peut pas rester assis plus de quelques instants sans gigoter.

« Mais reste donc tranquille ! » Cette injonction, prononcée des centaines de fois par les parents, les enseignants, les grands-parents, reflète une incompréhension fondamentale de ce qu’est l’hyperactivité dans le TDAH. Car votre enfant n’est pas agité par choix, par défi ou par manque de discipline. Son cerveau a besoin de mouvement pour fonctionner de manière optimale.

Cette distinction entre « agitation comportementale » et « besoin neurologique de bouger » change complètement la manière dont on comprend et accompagne l’enfant hyperactif. Dans cet article, nous allons explorer les mécanismes cérébraux qui sous-tendent l’hyperactivité, comprendre pourquoi le mouvement est bénéfique (et non nuisible) pour l’enfant TDAH, et découvrir comment intégrer ce besoin de manière constructive dans la vie quotidienne.

Qu’est-ce que l’hyperactivité dans le TDAH ?

Définition et caractéristiques

L’hyperactivité est l’un des trois symptômes cardinaux du TDAH, avec l’inattention et l’impulsivité. Elle se manifeste par un niveau d’activité motrice excessif par rapport à ce qui est attendu pour l’âge de l’enfant.

Contrairement à l’agitation occasionnelle que tous les enfants peuvent manifester, l’hyperactivité du TDAH présente plusieurs caractéristiques distinctives :

Elle est constante : l’enfant bouge dans tous les contextes (maison, école, activités), pas seulement dans certaines situations.
Elle est involontaire : l’enfant ne choisit pas de bouger — le mouvement lui « échappe » malgré sa volonté de rester calme.
Elle est excessive : le niveau d’activité dépasse significativement ce qui est typique pour l’âge.
Elle est inadaptée au contexte : l’enfant bouge même dans des situations où il devrait rester calme (classe, repas, église…).
Elle est persistante : elle dure depuis plus de six mois et a commencé avant l’âge de 12 ans.

Les différentes formes d’hyperactivité

L’hyperactivité ne se manifeste pas de la même façon chez tous les enfants TDAH :

L’hyperactivité motrice grossière : l’enfant court, saute, grimpe, ne tient pas en place. C’est la forme la plus visible, souvent associée aux garçons et aux présentations « classiques » du TDAH.
L’hyperactivité motrice fine : l’enfant gigote sur sa chaise, balance ses pieds, manipule des objets, se ronge les ongles, joue avec ses cheveux. Cette forme, plus discrète, est souvent sous-diagnostiquée.
L’hyperactivité verbale : l’enfant parle beaucoup, fait du bruit avec sa bouche, commente ses actions à voix haute. Cette forme accompagne souvent l’hyperactivité motrice.
L’hyperactivité mentale : moins visible de l’extérieur, elle se caractérise par un flux constant de pensées, des difficultés à « éteindre » le cerveau. Cette forme est fréquente dans le TDAH de type inattentif prédominant.

L’évolution de l’hyperactivité avec l’âge

L’hyperactivité motrice tend à diminuer avec l’âge. Alors qu’un enfant de 6 ans peut courir et sauter constamment, un adolescent ou un adulte TDAH aura généralement appris à canaliser ce besoin de mouvement de manière plus socialement acceptable.

Cependant, le besoin sous-jacent ne disparaît pas — il se transforme. L’adolescent tapote du pied au lieu de courir dans la classe. L’adulte choisit des métiers actifs ou fait du sport intensivement. L’hyperactivité mentale, elle, a tendance à persister voire à s’intensifier avec l’âge.

Les bases neurobiologiques : pourquoi le cerveau TDAH a besoin de bouger

L’hypothèse de l’auto-stimulation

L’une des théories les plus solides pour expliquer l’hyperactivité dans le TDAH est l’hypothèse de l’auto-stimulation. Selon cette théorie, le cerveau TDAH, en sous-stimulation chronique, utilise le mouvement comme moyen d’augmenter son niveau d’éveil et de stimulation.

Rappelons que le cerveau TDAH présente des particularités dans les systèmes dopaminergique et noradrénergique — les neurotransmetteurs impliqués dans l’attention, la motivation et l’éveil. Quand ces systèmes fonctionnent en sous-régime, le cerveau est en état de « sous-éveil » : il peine à maintenir l’attention, à se motiver, à rester engagé dans une tâche.

Le mouvement génère de la stimulation sensorielle et proprioceptive qui « réveille » le cerveau. Se balancer, taper du pied, manipuler un objet — tous ces comportements envoient des signaux au cerveau qui augmentent son niveau d’éveil et, paradoxalement, améliorent sa capacité à se concentrer.

L’effet bénéfique du mouvement sur l’attention

Plusieurs études scientifiques ont démontré que le mouvement améliore les performances cognitives des enfants TDAH :

Une étude de l’Université de Floride Centrale a montré que les enfants TDAH qui bougeaient le plus pendant une tâche de mémoire de travail obtenaient de meilleures performances. Autrement dit, bouger les aidait à mieux se concentrer.

D’autres recherches ont montré que permettre aux enfants TDAH de se balancer, de manipuler des objets ou de faire des pauses actives améliore leur attention et leurs résultats scolaires.

Ces résultats contre-intuitifs s’expliquent par l’hypothèse de l’auto-stimulation : le mouvement fournit au cerveau la stimulation dont il a besoin pour fonctionner de manière optimale.

Le système vestibulaire et la régulation attentionnelle

Le système vestibulaire, situé dans l’oreille interne, détecte les mouvements de la tête et joue un rôle crucial dans l’équilibre. Mais il a également des connexions étroites avec les systèmes attentionnels du cerveau.

Stimuler le système vestibulaire (par des mouvements de balancement, de rotation ou de changement de position) active des régions cérébrales impliquées dans l’attention et l’éveil. C’est pourquoi de nombreux enfants TDAH se balancent instinctivement sur leur chaise — ce mouvement stimule leur système vestibulaire et améliore leur niveau d’éveil.

Les conséquences d’interdire le mouvement

Le cercle vicieux de la répression

Quand on interdit à un enfant TDAH de bouger, on déclenche un cercle vicieux :

1. L’enfant mobilise des ressources cognitives considérables pour rester immobile

2. Ces ressources ne sont plus disponibles pour se concentrer sur la tâche

3. L’attention se dégrade encore davantage

4. Le besoin de bouger augmente (compensation)

5. L’enfant finit par craquer et bouger de manière explosive

6. Il est réprimandé, ce qui génère stress et honte

7. Le stress aggrave les symptômes TDAH

En forçant l’enfant à rester immobile, on obtient donc l’effet inverse de celui recherché : moins de concentration, plus de comportements perturbateurs.

La fatigue de l’inhibition

Maintenir son corps immobile quand on a un besoin neurologique de bouger demande un effort d’inhibition constant et épuisant. Chaque minute passée à « se retenir » de bouger consomme des ressources cognitives limitées.

C’est pourquoi les fins de journée sont souvent catastrophiques : l’enfant a épuisé toutes ses ressources d’inhibition à l’école, et il ne lui reste plus rien pour se contrôler à la maison. Les crises du soir ne sont pas du caprice — elles sont le résultat d’un épuisement neurologique.

L’impact sur l’estime de soi

Être constamment réprimandé pour quelque chose qu’on ne contrôle pas est dévastateur pour l’estime de soi. L’enfant TDAH intègre qu’il est « turbulent », « pas sage », « incapable de se tenir correctement ». Ces étiquettes deviennent des croyances qui affectent sa construction identitaire.

À force d’échouer à rester tranquille malgré tous ses efforts, l’enfant peut développer un sentiment d’impuissance acquise : « À quoi bon essayer, je n’y arriverai jamais. »

Accepter et canaliser le besoin de mouvement

Changer de paradigme

La première étape pour accompagner efficacement un enfant hyperactif est de changer de paradigme : passer de « comment l’empêcher de bouger ? » à « comment lui permettre de bouger de manière acceptable ? »

Ce changement de perspective transforme le mouvement d’ennemi en allié. Au lieu de lutter contre la nature de l’enfant, on travaille avec elle.

Les pauses actives

Intégrer des pauses actives régulières dans la journée de l’enfant est l’une des stratégies les plus efficaces. Ces pauses permettent de « vider » le besoin de mouvement accumulé et de « recharger » les capacités attentionnelles.

La règle des 15-20 minutes : un enfant TDAH ne devrait pas rester concentré sur une tâche sédentaire plus de 15 à 20 minutes sans pause. Après ce délai, une pause active de quelques minutes (sauter, courir, s’étirer) lui permettra de se reconcentrer efficacement.
Les pauses structurées : plutôt que d’attendre que l’enfant explose, programmez des pauses à intervalles réguliers. Utilisez un minuteur pour matérialiser ces moments.

L’application COCO PENSE et COCO BOUGE de DYNSEO intègre parfaitement ce principe avec ses pauses sportives obligatoires toutes les 15 minutes de jeu cognitif. Cette alternance entre stimulation intellectuelle et mouvement physique correspond exactement aux besoins du cerveau TDAH.

COCO PENSE et COCO BOUGE

Le mouvement pendant la tâche

Dans certains contextes, il est possible de permettre à l’enfant de bouger tout en travaillant :

Les assises dynamiques : ballons, tabourets oscillants, coussins d’air permettent à l’enfant de bouger sur sa chaise sans perturber la classe. Ces micro-mouvements fournissent la stimulation vestibulaire dont le cerveau a besoin.
Les objets à manipuler : fidget spinners, balles anti-stress, élastiques fixés aux pieds de la chaise… Ces objets permettent de canaliser le besoin de mouvement des mains sans perturber les autres.
Le travail debout : certains enfants travaillent mieux debout qu’assis. Un bureau surélevé ou un pupitre incliné peut être une solution.
Le travail en mouvement : pour certaines tâches (réviser des leçons, apprendre du vocabulaire), marcher en même temps peut améliorer la mémorisation.

Les activités physiques structurées

Le sport régulier est particulièrement bénéfique pour les enfants TDAH. L’activité physique :

  • Libère des endorphines (bien-être)
  • Augmente la dopamine cérébrale (attention, motivation)
  • Permet de « vider » le trop-plein d’énergie
  • Améliore le sommeil
  • Développe le contrôle corporel et l’autorégulation

Certains sports sont particulièrement adaptés :

Les arts martiaux (judo, karaté, taekwondo) enseignent le contrôle de soi et la discipline tout en permettant une dépense énergétique importante.
La natation offre une stimulation sensorielle globale et une dépense énergétique sans risque de blessure.
L’escalade demande concentration et planification tout en sollicitant tout le corps.
Les sports collectifs enseignent les règles sociales tout en permettant de bouger intensément.

Adapter l’environnement à la maison

L’espace de travail

Créez un espace de travail qui prend en compte le besoin de mouvement :

  • Bureau à hauteur permettant de travailler debout par moments
  • Chaise avec assise dynamique (ballon, coussin d’air)
  • Objets à manipuler à disposition
  • Espace dégagé pour permettre des pauses actives
  • Éloignement des sources de distraction visuelle et sonore

Les temps calmes

Les moments qui demandent traditionnellement l’immobilité (repas, devoirs, temps calme) peuvent être aménagés :

Pendant les repas : permettre à l’enfant de se lever pour débarrasser entre les plats, accepter qu’il mange debout pour le dessert, lui donner une tâche active (servir l’eau, aller chercher le pain).
Pendant les devoirs : fractionner en petites séquences entrecoupées de pauses actives, permettre de changer de position, alterner les matières pour maintenir l’intérêt.
Avant le coucher : prévoir un temps de dépense physique suffisamment tôt (pas juste avant le coucher), puis des activités calmes de transition.

Le matin avant l’école

Le matin est un moment critique. Un enfant qui n’a pas pu bouger avant d’aller à l’école arrivera en classe avec un besoin de mouvement maximal, qu’il ne pourra pas satisfaire.

Stratégies possibles :

  • Réveiller l’enfant 15-20 minutes plus tôt pour permettre une activité physique
  • Aller à l’école à pied ou à vélo plutôt qu’en voiture
  • Prévoir 10 minutes de jeu actif dans le jardin ou le salon
  • Faire quelques exercices physiques ensemble (jumping jacks, étirements)

Communiquer avec l’école

Expliquer le besoin de mouvement

Les enseignants ne connaissent pas toujours les particularités neurologiques du TDAH. Prendre le temps d’expliquer que le mouvement aide votre enfant à se concentrer (et non l’inverse) peut changer leur regard et leur pratique.

Vous pouvez proposer de partager des ressources (articles, vidéos) sur le sujet, ou suggérer un échange avec un professionnel de santé qui suit votre enfant.

Proposer des aménagements concrets

Plutôt que de demander vaguement « plus de souplesse », proposez des aménagements spécifiques et réalistes :

  • Placement de l’enfant à un endroit où il peut bouger sans gêner
  • Autorisation d’avoir un objet à manipuler discrètement
  • Responsabilité qui permet de se lever (distribuer les feuilles, effacer le tableau)
  • Pauses actives pour toute la classe (bénéfique pour tous)
  • Possibilité de travailler debout par moments
  • Utilisation d’une assise dynamique

Le PAP et le PPS

Si les difficultés de votre enfant sont significatives, des dispositifs officiels peuvent être mis en place :

Le PAP (Plan d’Accompagnement Personnalisé) concerne les élèves présentant des troubles des apprentissages. Il permet de formaliser des aménagements pédagogiques.
Le PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) est destiné aux élèves en situation de handicap reconnu par la MDPH. Il ouvre droit à des aménagements plus importants et potentiellement à une aide humaine.

L’hyperactivité comme force

Reconsidérer l’hyperactivité

L’hyperactivité, souvent perçue négativement, peut devenir une force dans les bons contextes :

Énergie et endurance : bien canalisée, l’hyperactivité devient une capacité à maintenir un haut niveau d’activité sans fatigue.
Dynamisme et enthousiasme : l’enfant hyperactif apporte souvent de l’énergie positive dans un groupe.
Productivité : dans les métiers actifs ou créatifs, l’hyperactivité peut être un atout considérable.
Sport de haut niveau : de nombreux athlètes ont un TDAH — leur énergie débordante devient leur force sur le terrain.

Orienter vers des activités valorisantes

Aidez votre enfant à trouver des domaines où son énergie est valorisée plutôt que réprimée :

  • Sports intensifs
  • Théâtre et arts de la scène
  • Danse
  • Activités manuelles et créatives
  • Bénévolat actif
  • Scoutisme et activités de plein air

Dans ces contextes, l’enfant peut exceller et construire une estime de soi positive, compensant les difficultés rencontrées dans les contextes scolaires traditionnels.

Les formations et outils DYNSEO

Se former pour mieux comprendre

Comprendre les mécanismes de l’hyperactivité permet d’adapter son approche éducative et de réagir de manière constructive aux comportements de l’enfant.

Les formations DYNSEO offrent cette compréhension approfondie :

La formation « Accompagner un enfant avec TDAH : clés et solutions au quotidien » couvre les fondamentaux du TDAH, y compris les mécanismes de l’hyperactivité.

Formation TDAH clés et solutions

La formation « Enfant TDAH à la maison : stratégies avancées pour gérer l’impulsivité et l’opposition » approfondit les stratégies pour canaliser l’énergie de l’enfant au quotidien.

Formation stratégies avancées parents

Pour les professionnels, la formation « TDAH : stratégies avancées pour gérer impulsivité et opposition » offre un niveau d’expertise adapté à la pratique professionnelle.

Formation TDAH professionnels

Les applications d’entraînement cognitif

L’application COCO PENSE et COCO BOUGE est particulièrement adaptée aux enfants hyperactifs de 5 à 10 ans. Son alternance obligatoire entre jeux cognitifs et pauses sportives (toutes les 15 minutes) répond parfaitement au besoin de mouvement tout en permettant un entraînement cognitif efficace.

COCO PENSE et COCO BOUGE

Pour les adolescents et adultes, JOE, le coach cérébral propose des sessions courtes de 10 à 15 minutes, adaptées à la capacité attentionnelle des personnes TDAH.

JOE, le coach cérébral

Conclusion : bouger pour mieux penser

L’hyperactivité n’est pas un défaut de caractère, un manque de discipline ou une volonté de perturber. C’est un besoin neurologique profond, ancré dans le fonctionnement particulier du cerveau TDAH.

Comprendre cette réalité transforme notre regard : l’enfant n’est plus « celui qui ne tient pas en place » mais « celui dont le cerveau a besoin de mouvement pour fonctionner ». Cette nouvelle perspective ouvre la voie à des stratégies véritablement efficaces, basées sur l’acceptation et la canalisation du mouvement plutôt que sur sa répression.

En intégrant des pauses actives, en adaptant l’environnement, en valorisant les activités physiques et en utilisant des outils comme les applications COCO PENSE et COCO BOUGE qui intègrent le mouvement dans l’entraînement cognitif, vous donnez à votre enfant les moyens de réussir avec sa nature particulière, et non malgré elle.

Et souvenez-vous : quand votre enfant bouge, son cerveau se met en marche. Le mouvement n’est pas l’ennemi de la concentration — il en est parfois le carburant.

Cet article fait partie d’une série consacrée à l’accompagnement des enfants TDAH à la maison. Découvrez nos autres articles sur le blog DYNSEO et nos formations et applications pour un accompagnement complet.

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