Introduction : Le silence qui pèse
C’est l’heure du rituel du matin. Vous posez la question : “Qui veut nous raconter quelque chose ?” Comme d’habitude, dix mains se lèvent immédiatement. Emma raconte ses vacances, Tom parle de son nouveau jeu vidéo, Léa décrit son week-end. Puis vous remarquez Nathan, dans le fond, qui n’a toujours rien dit. Jamais. Nathan ne lève jamais la main. Quand vous l’interrogez directement, il bafouille, cherche ses mots, rougit, et finalement murmure “je sais pas” ou se tait complètement.
Nathan n’est pas timide. Nathan est dysphasique.
La dysphasie (aussi appelée TDL – Trouble Développemental du Langage) est un trouble neurologique qui affecte la compréhension et/ou l’expression du langage oral. Pour Nathan, parler n’est pas naturel. C’est un effort conscient, coûteux, souvent source d’échec et d’humiliation.
Résultat ? Nathan se tait. Il s’efface. Il devient invisible.
Mais voici la bonne nouvelle : avec les bonnes stratégies, Nathan peut retrouver sa voix. Pas en le forçant à parler (ce qui aggrave le problème), mais en créant un environnement sécurisant, en lui donnant des supports, des temps adaptés, et en valorisant ses tentatives.
Dans cet article, nous allons explorer 8 stratégies concrètes pour libérer la parole de vos élèves dysphasiques : comment sécuriser les prises de parole, valoriser les essais, utiliser des supports visuels, adapter vos attentes, et créer une classe où TOUS les élèves, même ceux qui peinent à parler, trouvent leur place. Prêts à entendre la voix de Nathan ? C’est parti !
Comprendre la dysphasie (TDL)
Qu’est-ce que la dysphasie ?
La dysphasie est un trouble du développement du langage oral, d’origine neurologique, qui persiste dans le temps malgré une intelligence normale et une audition intacte.
Ce que la dysphasie N’EST PAS :
- ❌ Un simple retard de langage (qui se résorbe avec le temps)
- ❌ Le résultat d’un manque de stimulation
- ❌ De la timidité
- ❌ Un refus de parler volontaire
- ❌ Un problème d’audition
- ❌ Un déficit intellectuel
- ✅ Un trouble neurologique
- ✅ Durable (ne se “guérit” pas, mais on compense)
- ✅ Impactant la vie scolaire et sociale
- ✅ Variable en sévérité selon les enfants
- Vocabulaire limité
- Phrases courtes, télégraphiques (“Moi veux eau” au lieu de “Je voudrais boire de l’eau”)
- Erreurs de syntaxe (ordre des mots incorrect)
- Difficultés à trouver ses mots (manque du mot)
- Utilise des mots “passe-partout” (chose, truc, machin)
- Difficultés à raconter, expliquer, argumenter
- Ne comprend pas les consignes complexes
- Se perd dans les phrases longues
- Confond les mots (homonymes, mots proches)
- Répond à côté de la question
- A besoin qu’on reformule, simplifie, répète
- Difficultés en lecture (le langage oral est la base de la lecture)
- Difficultés en production d’écrits (on écrit ce qu’on sait dire)
- Incompréhension des consignes orales
- Difficultés à suivre les leçons orales
- Fatigue cognitive intense
- Isolement (difficultés à communiquer avec les pairs)
- Conflits (mal compris par les autres)
- Rejet (les autres l’excluent car “il ne parle pas bien”)
- Estime de soi très faible
- Frustration énorme (il a des choses à dire mais n’y arrive pas)
- Anxiété face aux situations de prise de parole
- Évitement (refuse de participer)
- Colères, pleurs (expression de la frustration)
- “Se tromper, c’est apprendre.”
- “Tout le monde cherche ses mots parfois, même les adultes !”
- “Ce qui compte, c’est d’essayer, pas d’être parfait.”
- “Bravo d’avoir essayé de nous expliquer, même si c’était difficile.”
- Les élèves dysphasiques ont le temps de préparer leur réponse
- Les élèves TDAH ont le temps de réfléchir au lieu de répondre impulsivement
- Les élèves timides ont le temps de se lancer
- Les réponses de tous sont de meilleure qualité
- Réduit l’anxiété (il ne se sent pas piégé)
- Lui laisse le temps de préparer mentalement
- Lui permet de parler quand il est prêt
- Photo de l’animal
- Questions guides :
- L’objet est un support de mémoire (il voit l’objet, ça lui rappelle quoi dire)
- Moins abstrait (parler DE quelque chose de concret)
- Réduit l’anxiété (il peut manipuler l’objet, ça occupe ses mains)
- Le visuel aide l’élève à se souvenir de ce qu’il doit dire
- Le visuel aide les autres élèves à comprendre (double bénéfice !)
- Images
- Mots-clés (pas de phrases complètes)
- Un minimum de texte
- Pas de public direct → moins de stress
- Possibilité de refaire plusieurs fois jusqu’à être satisfait
- L’élève peut prendre tout le temps nécessaire
- Nathan entend la forme correcte (modèle langagier)
- Il n’est pas corrigé négativement (préservation de l’estime de soi)
- La conversation continue naturellement
- “Merci d’avoir partagé avec nous.”
- “C’était courageux de prendre la parole !”
- “On a bien compris grâce à tes explications.”
- “Bravo d’avoir essayé, même si c’était difficile.”
- “Fais un effort, parle correctement.”
- “Recommence, fais une vraie phrase.”
- “On n’a rien compris, répète.”
- Dire QUI fait QUOI, OÙ, QUAND
- Donner des détails
- “Je ne comprends pas.”
- “Peux-tu répéter, s’il te plaît ?”
- “Peux-tu m’aider ?”
- “Je pense que…”
- “À mon avis,…”
- “Je ne suis pas d’accord parce que…”
- “D’abord,…”
- “Ensuite,…”
- “Finalement,…”
- “C’est un… / C’est une…”
- “Il / Elle est…”
- “Il y a…”
- Possibilité de refaire plusieurs fois
- Moins de stress (pas de public direct)
- Possibilité de se réécouter et s’auto-corriger
- Tablette avec application dictaphone
- Application vidéo (caméra du téléphone)
- Jeux de catégorisation (organiser les idées)
- Jeux de séquences logiques (structurer un récit)
- Jeux de vocabulaire (enrichir le lexique)
- Jeux d’attention auditive (discrimination des sons de parole)
- La dysphasie en profondeur
- Toutes les adaptations pour l’oral
- La création de supports visuels
- La collaboration avec les orthophonistes
- Programme COCO PENSE et COCO BOUGE – Développement du langage par le jeu
- Formation : Accompagner les élèves avec troubles des apprentissages
- Formation : Troubles DYS : repérer et adapter
Ce que la dysphasie EST :
Les deux grandes formes de dysphasie
1. Dysphasie expressive (la plus fréquente)
L’élève comprend ce qu’on lui dit, mais peine à s’exprimer.
Manifestations :
Exemple concret :
Vous demandez : “Qu’as-tu fait ce week-end ?”
Réponse de l’élève dysphasique expressif : “Euh… moi… euh… parti… euh… là-bas… et puis… euh… joué… euh…”
2. Dysphasie réceptive (plus rare et plus sévère)
L’élève peine à comprendre ce qu’on lui dit (en plus des difficultés d’expression).
Manifestations :
Exemple concret :
Vous dites : “Sortez votre cahier rouge, ouvrez-le à la page 12, et recopiez le titre en vert.”
L’élève dysphasique réceptif : (reste immobile, perdu, ne sait pas quoi faire)
3. Dysphasie mixte
Combinaison des deux : difficultés de compréhension ET d’expression.
Les conséquences en classe
Sur le plan scolaire :
Sur le plan social :
Sur le plan émotionnel :
Stratégie 1 : Sécuriser l’environnement de parole
Créer une classe bienveillante où l’erreur est normale
Principe fondamental : Dans votre classe, SE TROMPER est NORMAL et même valorisé.
Phrases à dire et répéter :
Interdire les moqueries (tolérance zéro) :
“Dans notre classe, on ne se moque JAMAIS de quelqu’un qui parle. Si tu te moques, tu sors de la classe immédiatement.”
Modélisation par l’adulte :
Montrez l’exemple ! Quand VOUS cherchez un mot, dites-le :
“Ah zut, j’ai le mot sur le bout de la langue… comment ça s’appelle déjà… Ah oui, une BALEINE !”
→ Vous montrez que chercher ses mots arrive à tout le monde.
Le “temps d’attente” allongé
Le problème :
Vous posez une question. Après 3 secondes de silence, vous donnez la réponse ou interrogez quelqu’un d’autre.
Pour l’élève dysphasique, 3 secondes, c’est TROP COURT.
Il a besoin de temps pour :
1. Comprendre la question
2. Formuler mentalement sa réponse
3. Trouver les mots
4. Organiser sa phrase
5. Commencer à parler
Solution : Allongez le temps d’attente à 10-15 secondes minimum.
Comment faire concrètement ?
“Je pose une question. Vous avez 10 secondes pour réfléchir dans votre tête avant de lever la main.”
→ Vous comptez mentalement jusqu’à 10, puis : “OK, maintenant vous pouvez lever la main.”
Avantage pour TOUS :
Le “je passe mon tour”
Principe : Donnez le droit à TOUS de passer leur tour sans pression.
“Si c’est ton tour de parler mais que tu n’es pas prêt, tu peux dire ‘je passe mon tour’. On reviendra vers toi plus tard.”
Pour l’élève dysphasique :
Important : Revenez vraiment vers lui plus tard
“Nathan, tout à l’heure tu as passé ton tour. Maintenant, est-ce que tu es prêt à nous dire quelque chose ?”
Stratégie 2 : Préparer la prise de parole à l’avance
L’anticipation : la clé pour les dysphasiques
Le pire pour un dysphasique : l’improvisation.
Le meilleur : la préparation.
Annoncer les prises de parole à l’avance
Au lieu de :
“Nathan, peux-tu nous raconter ton week-end ?” (surprise totale, Nathan panique)
Proposez :
“Demain matin, 3 élèves nous raconteront leur week-end. Nathan, est-ce que tu veux être l’un des trois ? Si oui, ce soir, tu prépares 2-3 phrases avec tes parents.”
→ Nathan sait qu’il devra parler, il a le temps de préparer mentalement.
Les supports visuels pour préparer
Donnez un support visuel AVANT la prise de parole.
Exemple : Présenter son animal préféré
Donnez une fiche avec :
– Comment s’appelle ton animal ?
– De quelle couleur est-il ?
– Qu’est-ce qu’il mange ?
– Qu’est-ce qu’il aime faire ?
L’élève prépare ses réponses à la maison ou pendant un temps calme en classe, puis présente en s’aidant de sa fiche.
Le script préparé
Pour les présentations orales longues, permettez un “script”.
Au lieu de :
Présentation orale improvisée (impossible pour un dysphasique)
Proposez :
1. L’élève écrit ce qu’il veut dire (avec votre aide ou celle d’un parent)
2. Vous corrigez ensemble
3. L’élève s’entraîne à lire son texte à haute voix (à la maison, avec vous en APC)
4. Le jour J, il LIT son texte devant la classe
Objection fréquente : “Mais c’est de la triche, il ne parle pas vraiment !”
Réponse : Non, ce n’est pas de la triche. C’est une adaptation. L’objectif est-il de le mettre en échec ou de lui permettre de communiquer ses idées ?
Stratégie 3 : Utiliser des supports visuels pendant la parole
Le problème du “langage dans le vide”
Parler sans support est très abstrait. Pour un dysphasique, c’est encore pire.
Solution : Donnez-lui quelque chose à MONTRER pendant qu’il parle.
Les objets concrets
Principe “Show and Tell” (montrer et dire) :
“Aujourd’hui, chacun peut apporter un objet de la maison et nous le présenter.”
L’élève tient l’objet, le montre, et parle en s’appuyant dessus.
Pourquoi ça aide ?
Les photos et images
Pour raconter un événement :
“Apportez 3 photos de vos vacances. Vous nous raconterez en montrant les photos.”
Déroulement :
1. Photo 1 : “Ici, on était à la plage.”
2. Photo 2 : “Là, j’ai fait un château de sable.”
3. Photo 3 : “Et ici, on a mangé une glace.”
→ Les photos guident le discours.
Les affiches et schémas
Pour un exposé :
Au lieu d’un exposé oral pur, l’élève crée une AFFICHE avec images, mots-clés, schémas.
Pendant la présentation, il COMMENTE son affiche en pointant les éléments.
Avantage :
Les supports numériques (diaporama)
Version moderne du support visuel :
L’élève crée un diaporama PowerPoint ou Canva avec :
Il présente en commentant chaque diapo.
Attention : L’élève ne LIT PAS le diaporama mot à mot (sinon ce n’est plus un oral, c’est une lecture).
Stratégie 4 : Adapter le format de prise de parole
Varier les modalités d’oral
Toutes les prises de parole ne doivent pas être “devant toute la classe”.
Format 1 : Oral en petit groupe (3-4 élèves)
Beaucoup moins anxiogène. L’élève dysphasique parle plus facilement devant 3 camarades que devant 25.
Utilisation :
Ateliers, travaux de groupe, présentations par petits groupes.
Format 2 : Oral en binôme
Encore moins anxiogène. Conversation à deux.
Utilisation :
“Par deux, racontez-vous ce que vous avez fait ce week-end.”
Format 3 : Oral enregistré (différé)
L’élève s’enregistre (vidéo ou audio) à la maison ou dans un coin calme de l’école. Vous écoutez/regardez l’enregistrement plus tard.
Avantages :
Format 4 : Oral avec un pair-tuteur
L’élève dysphasique présente en binôme avec un camarade. Le camarade l’aide à formuler, complète si besoin.
Exemple :
Nathan et Léa présentent ensemble. Nathan dit ce qu’il peut, Léa complète : “Ce que Nathan veut dire, c’est que…”
L’oral “à son rythme”
Au lieu de :
“Vous avez 2 minutes pour présenter.” (pression temporelle insupportable)
Proposez :
“Tu prends le temps qu’il te faut. Pas de limite de temps.”
→ L’élève dysphasique peut parler lentement, chercher ses mots, sans être stressé par un chrono.
Stratégie 5 : Aider pendant la prise de parole
Les questions-relais
Principe : Quand l’élève bloque, vous lui posez des questions pour l’aider à continuer.
Exemple :
Nathan essaie de raconter son week-end :
“Moi… euh… parti… euh…” (bloque)
Vous intervenez avec des questions-relais :
“Tu es parti où ?”
“Avec qui tu étais ?”
“Qu’est-ce que vous avez fait ?”
Nathan répond aux questions courtes, c’est plus facile.
La reformulation positive
Principe : Quand l’élève s’exprime maladroitement, vous reformulez correctement SANS le corriger explicitement.
Exemple :
Nathan : “Moi… parti… plage… et… euh… fait… château.”
Vous reformulez : “Ah super ! Tu es allé à la plage et tu as fait un château de sable ! C’était grand ton château ?”
Effet :
La complétion de phrase
Principe : Vous commencez la phrase, l’élève la termine.
Exemple :
Vous : “Ce week-end, Nathan est allé…”
Nathan : “…à la plage.”
Vous : “Et il a fait…”
Nathan : “…un château.”
→ Plus facile que de construire toute la phrase seul.
Les choix multiples oraux
Principe : Au lieu d’une question ouverte (difficile), posez une question à choix multiples (plus facile).
Question ouverte (difficile) :
“Qu’as-tu aimé dans cette histoire ?”
Question à choix (plus facile) :
“Tu as préféré le début, le milieu ou la fin de l’histoire ?”
Nathan choisit : “Le début.”
Vous relancez : “Pourquoi tu as aimé le début ?”
→ Progression graduelle vers des réponses plus élaborées.
Stratégie 6 : Valoriser TOUTES les tentatives
Le principe de la valorisation systématique
Chaque fois qu’un élève dysphasique prend la parole, VALORISEZ, même si c’était imparfait.
Phrases à dire :
Ce qu’il ne faut JAMAIS dire :
Valoriser le FOND plutôt que la FORME
Au lieu de :
“Nathan, ta phrase n’était pas correcte grammaticalement.”
Dites :
“Nathan, ton idée était très intéressante ! Tu as dit que le personnage était triste, c’est ça ?”
→ On valorise le contenu (l’idée), pas la forme (la grammaire).
Le système de “points de courage”
Principe : Dans votre classe, créez un système où prendre la parole rapporte des points.
Exemple :
Chaque fois qu’un élève dysphasique prend la parole volontairement, il gagne un point de courage. Après 10 points, petite récompense symbolique (privilège, responsabilité valorisante).
Objectif : Associer la prise de parole à du positif, pas à de l’anxiété.
Stratégie 7 : Enseigner explicitement le langage oral
La mini-leçon de langage oral
Contrairement aux autres élèves, les dysphasiques ne “captent” pas naturellement les règles du langage. Il faut les enseigner EXPLICITEMENT.
Mini-leçon 1 : Comment raconter dans l’ordre ?
Enseignez la structure du récit :
1. D’abord (début)
2. Ensuite (milieu)
3. Enfin (fin)
Activité : Racontez une histoire simple en utilisant explicitement ces connecteurs. Les élèves refont pareil.
Mini-leçon 2 : Comment expliquer clairement ?
Enseignez :
Activité : “Explique-moi comment tu fais pour te brosser les dents.”
Mini-leçon 3 : Comment demander de l’aide ?
Enseignez les phrases clés :
Les jeux de rôle pour pratiquer
Principe : Créez des situations fictives où les élèves s’entraînent à parler.
Exemple : Au restaurant
Un élève joue le serveur, l’autre le client.
Client : “Bonjour, je voudrais un jus d’orange, s’il vous plaît.”
Serveur : “Voici votre jus. Bon appétit !”
→ Scénario prévisible, phrases modèles, pratique ludique.
Les phrases modèles affichées
Affichez dans la classe des phrases modèles pour différentes situations :
Pour donner son avis :
Pour raconter :
Pour décrire :
→ L’élève dysphasique peut s’appuyer sur ces modèles.
Stratégie 8 : Utiliser les outils numériques
Enregistrements audio/vidéo
Principe : L’élève s’enregistre pour s’entraîner ou pour présenter.
Avantages :
Outils :
Applications de communication par pictogrammes
Pour les cas de dysphasie sévère où l’oral est très limité :
Applications comme LetMeTalk, Snap Core First permettent de communiquer en pointant des pictogrammes qui génèrent une voix synthétique.
Utilisation : En complément de l’oral, pas en remplacement total.
Le programme COCO pour développer le langage
Le programme COCO PENSE et COCO BOUGE propose des jeux qui développent des compétences pré-requises au langage oral.
Jeux utiles pour les dysphasiques :
Avantage : Format ludique avec pauses actives toutes les 15 minutes, parfait pour les élèves qui se fatiguent vite.
Se former pour accompagner les élèves dysphasiques
Formation : Accompagner les élèves avec troubles des apprentissages
Cette formation aborde :
Formation : Troubles DYS : repérer et adapter
Témoignages : Quand la parole se libère
Sophie, enseignante CE1
“Nathan ne parlait JAMAIS en classe. J’ai commencé à utiliser le format ‘montrer et dire’ avec un objet. La première fois, il a montré sa voiture et dit juste ‘ma voiture’. Mais il a PARLÉ ! Aujourd’hui, 6 mois plus tard, il fait des phrases complètes et ose lever la main. Je n’en reviens pas.”
Parents de Léa, dysphasique
“Avant, Léa refusait catégoriquement de faire des présentations orales. Elle pleurait, elle se mettait en colère. Depuis que sa maîtresse lui permet de préparer à l’avance et de s’aider d’un diaporama, elle le fait ! Elle est fière d’elle, et nous aussi.”
Nathan, 9 ans, dysphasique
“Maintenant, je peux dire ‘je passe mon tour’ si je suis pas prêt. Et la maîtresse, elle m’aide avec des questions quand je trouve pas mes mots. Du coup, c’est moins dur de parler.”
Plan d’action : Libérer la parole en 8 semaines
Semaine 1 : Instaurer la bienveillance
Établissez clairement la règle : “On ne se moque jamais de quelqu’un qui parle.”
Semaine 2 : Allonger les temps d’attente
Comptez mentalement jusqu’à 10 avant d’attendre une réponse.
Semaine 3 : Introduire “je passe mon tour”
Expliquez et autorisez explicitement cette option.
Semaine 4 : Varier les formats d’oral
Proposez un oral en petit groupe au lieu de devant toute la classe.
Semaine 5 : Préparer à l’avance
Annoncez les prises de parole 24h à l’avance avec support visuel.
Semaine 6 : Utiliser des supports visuels
Lancez un “montrer et dire” avec objets ou photos.
Semaine 7 : Valoriser systématiquement
Remerciez chaque prise de parole, quelle que soit sa qualité.
Semaine 8 : Enseigner explicitement
Mini-leçon : “Comment raconter dans l’ordre ?”
Conclusion : De l’invisibilité à la présence
Les élèves dysphasiques ne sont pas muets. Ils ont des choses à dire. Ils ont besoin que nous créions les conditions pour qu’ils PUISSENT les dire.
Les 8 stratégies présentées – sécuriser l’environnement, préparer à l’avance, utiliser des supports visuels, adapter les formats, aider pendant la parole, valoriser, enseigner explicitement, utiliser le numérique – transforment l’expérience orale des élèves dysphasiques.
L’objectif n’est pas qu’ils parlent “comme les autres”. L’objectif est qu’ils trouvent LEUR voix, à leur manière, à leur rythme.
Nathan ne sera peut-être jamais le grand bavard de la classe. Mais s’il ose lever la main une fois par semaine, s’il participe aux discussions en petit groupe, s’il ne se sent plus invisible… alors vous avez réussi.
Alors, prêt à entendre la voix de vos élèves dysphasiques ? Instaurez la bienveillance cette semaine. Allongez vos temps d’attente. Proposez des supports visuels. Observez la différence.
Parce que chaque élève mérite d’être entendu.
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Ressources pour aller plus loin :
Le silence n’est pas une fatalité. Donnez-leur les clés pour parler !
 
           
 
 
 
 
 
