Introduction : Les devoirs, un moment de souffrance pour certaines familles
“Maîtresse, est-ce qu’on peut ne pas avoir de devoirs ce soir ?” Cette phrase, vous l’entendez régulièrement de la part de certains élèves. Et derrière cette demande se cache souvent une réalité douloureuse : pour les enfants avec troubles des apprentissages, les devoirs à la maison sont un calvaire.
Imaginez Lucas, élève de CE2 dyslexique. À l’école, il a déjà fourni un effort colossal toute la journée pour suivre. Le soir à la maison, quand ses camarades mettent 20 minutes à faire leurs devoirs, lui y passe 1h30, se bat avec les lettres qui dansent, pleure de frustration. Ses parents sont épuisés, la relation parent-enfant se dégrade autour des devoirs, et Lucas finit par détester l’école.
Ou pensez à Emma, dyspraxique en CM1. Écrire 10 lignes pour elle équivaut à un marathon. Ses devoirs d’écriture la font souffrir physiquement, sa main lui fait mal, et le résultat ne reflète jamais l’intelligence de ses idées.
Les devoirs, censés consolider les apprentissages, deviennent un facteur d’échec et de souffrance. Mais cela n’est pas une fatalité ! Il existe des aménagements simples et efficaces qui permettent aux élèves avec troubles des apprentissages de faire leurs devoirs dans des conditions équitables, sans épuiser toute la famille.
Dans cet article, nous allons explorer comment adapter les devoirs pour qu’ils restent bénéfiques sans être destructeurs : durée, quantité, format, outils, et communication avec les familles. Des stratégies concrètes que vous pouvez mettre en place dès demain.
Comprendre le problème : pourquoi les devoirs sont-ils si difficiles ?
La double peine des élèves avec troubles
Un élève avec troubles des apprentissages vit une “double peine” :
À l’école (6 heures par jour) :
- Il fournit un effort cognitif 2 à 3 fois supérieur aux autres pour suivre
- Il compense en permanence ses difficultés
- Il utilise toutes ses stratégies attentionnelles
- Il arrive épuisé à 16h30
- On lui demande de faire des devoirs dans les mêmes matières où il est en difficulté
- Il est déjà épuisé de sa journée
- Il n’a plus de ressources cognitives disponibles
- Les devoirs lui prennent 2 à 3 fois plus de temps qu’aux autres
- Lire les consignes prend un temps fou
- Relire la leçon est épuisant
- Les exercices écrits sont laborieux
- Mémoriser l’orthographe des mots est très difficile
- Écrire à la main est douloureux et lent
- Copier des leçons est un calvaire
- Les exercices d’écriture sont décourageants
- Le résultat ne reflète pas les capacités intellectuelles
- Les exercices de maths génèrent beaucoup d’anxiété
- Les tables de multiplication ne se mémorisent pas
- Les devoirs de calcul prennent un temps infini
- Se mettre aux devoirs est difficile (procrastination)
- Rester concentré seul à la maison est très compliqué
- Le temps des devoirs s’éternise avec des pauses multiples
- Oublier son cahier de texte ou ses affaires est fréquent
- Comprendre les consignes écrites complexes est difficile
- Formuler des réponses écrites construites est compliqué
- Les devoirs de conjugaison ou grammaire sont très coûteux
- Conflits répétés : cris, pleurs, punitions
- Épuisement parental : les parents deviennent des “profs à domicile” frustrés
- Dévalorisation de l’enfant : “Je suis nul, je n’y arrive pas”
- Temps excessif : 2-3 heures de devoirs au lieu de 30 minutes
- Sacrifice des loisirs : Plus le temps pour jouer, faire du sport, voir des amis
- Dégradation de la relation : La relation parent-enfant tourne autour des devoirs
- Classe : 15 exercices
- Élève dyslexique : 8 exercices (ceux qui couvrent toutes les notions)
- Objectif pédagogique atteint : La notion est travaillée et comprise
- Classe : Rédaction de 15 lignes
- Élève dyspraxique : Rédaction de 8 lignes (ou 15 lignes dictées à un parent qui écrit)
- Objectif pédagogique atteint : Capacité à structurer ses idées et construire un texte
- Classe : Poésie entière (4 strophes)
- Élève avec trouble de la mémoire : 2 strophes seulement, ou la poésie entière mais avec plus de temps (2 semaines au lieu de 1)
- Objectif pédagogique atteint : Travail de mémorisation et d’expression
- Classe : 3 pages de leçon
- Élève dyslexique : 1 page (l’essentiel), ou les 3 pages en version audio
- Objectif pédagogique atteint : Mémorisation des notions clés
- CP-CE1 : 15-20 minutes maximum
- CE2-CM1 : 30 minutes maximum
- CM2 : 45 minutes maximum
- Mathématiques : Faire les exercices surlignés en jaune sur la fiche (au lieu de tous)
- Français : Faire les exercices de 1 à 5 (au lieu de 1 à 10)
- Poésie : Apprendre les 2 premières strophes (strophes 3 et 4 optionnelles)
- Leçon d’histoire : Lire seulement l’encadré résumé en page 32 (ou écouter l’enregistrement audio ci-joint)
- Traditionnel : Lire 3 pages du livre
- Adapté : Écouter 3 pages en audio (livre audio ou parent qui lit) OU lire 3 pages en version adaptée (syllabée, police Dyslexie)
- Traditionnel : Relire la leçon écrite
- Adapté : Écouter l’enregistrement audio de la leçon OU regarder une vidéo explicative OU réviser avec une carte mentale OU questionner l’enfant à l’oral (parent pose des questions)
- Traditionnel : Écrire un texte à la main
- Adapté : Dicter le texte à un parent qui écrit OU taper sur ordinateur OU enregistrer oralement son texte OU faire un texte plus court mais au clavier
- Traditionnel : Compléter la fiche écrite
- Adapté : Répondre à l’oral (parent écrit les réponses) OU utiliser une fiche à trous avec moins d’écriture OU faire les exercices sur ordinateur
- L’enfant travaille vraiment (jeux éducatifs sérieux)
- Il ne dépasse jamais le temps prévu
- Il ne s’épuise pas (pauses actives)
- Les parents n’ont pas à “faire la police” ou à aider
- C’est motivant et ludique
- Police adaptée : Arial ou Comic Sans 14
- Interlignage 1.5 minimum
- Consignes courtes et numérotées (chunking)
- Espaces généreux pour écrire les réponses
- Mots-clés surlignés en couleur
- Version audio : Enregistrez-vous en train de lire la leçon (5 minutes d’effort pour vous, bénéfice énorme pour l’élève)
- Version vidéo : Utilisez des vidéos pédagogiques existantes (Lumni, YouTube)
- Version carte mentale : Transformez la leçon linéaire en carte mentale visuelle
- Version simplifiée : Un résumé en 5-6 points clés au lieu de 2 pages
- Version syllabée : En couleurs alternées
- Version audio : Enregistrement de vous ou d’un élève lisant la poésie
- Version illustrée : Avec des images pour chaque strophe (aide à la mémorisation)
- Vert : Pas de devoirs aujourd’hui
- Orange : Devoirs légers (moins de 20 min)
- Rouge : Devoirs normaux (30 min)
- ☐ 📖 Lire pages 12-15
- ☐ ✏️ Exercices 3, 4, 5
- ☐ 🎵 Apprendre la poésie strophe 1
- 10 minutes de devoirs
- 5 minutes de pause active (courir, sauter)
- 10 minutes de devoirs
- C’est fini !
- Exercices réduits (surlignés en jaune sur la fiche)
- Tables de multiplication : révision avec l’application COCO au lieu d’écriture
- Lecture : Pages en version syllabée ou audio
- Poésie : Apprentissage par écoute audio + récitation orale (pas d’écriture)
- Exercices : Quantité réduite de moitié
- Version audio fournie par l’enseignant
- Révision par questionnement oral (parent pose des questions)
- Ordinateur pour écrire
- Synthèse vocale pour lire
- Application COCO pour révisions ludiques
- Lire les consignes à Lucas si besoin
- Chronométrer les 30 minutes et arrêter après
- Noter un mot si Lucas est en difficulté
- Maths : Ex 3, 5, 7
- Français : Lire p. 12-13 en audio
- Début d’année : Réunion avec les parents pour établir le contrat
- Toutes les 3-4 semaines : Point rapide (15 min) pour ajuster
- En cas de difficulté : Réunion exceptionnelle
- Les devoirs prennent combien de temps ?
- Quels types de devoirs posent le plus problème ?
- L’enfant refuse-t-il de faire certains devoirs ?
- Comment se passe l’ambiance pendant les devoirs ?
- Quels outils utilisez-vous qui fonctionnent bien ?
- Faire les exercices 1 à 5 de la fiche = 3 points
- Faire les exercices 6 à 10 de la fiche = 3 points
- Jouer à COCO, domaine calcul, 15 minutes = 2 points
- Réviser les tables de multiplication avec un adulte = 2 points
- Inventer 3 problèmes de maths et les résoudre = 3 points
- Comprendre l’impact des troubles sur les devoirs à la maison
- Maîtriser les différents types d’adaptations (quantité, format, supports)
- Apprendre à communiquer efficacement avec les familles
- Découvrir des outils numériques et concrets pour adapter les devoirs
- Créer des contrats de devoirs personnalisés
- Les spécificités de chaque trouble DYS et leur impact sur le travail à la maison
- Comment élaborer des devoirs adaptés par type de trouble
- La collaboration avec les familles et les professionnels (orthophonistes, ergothérapeutes)
- Les outils de compensation à recommander aux parents
- Réduction quantitative ?
- Format différent ?
- Supports adaptés ?
- Tout cela à la fois ?
- Fiches avec exercices surlignés
- Versions audio de leçons (enregistrez-vous, 5 min par leçon)
- Documents avec polices adaptées
- Programme COCO PENSE et COCO BOUGE – Idéal pour des devoirs ludiques et adaptés
- Formation : Accompagner les élèves avec troubles des apprentissages
- Formation : Troubles DYS : repérer et adapter
Puis, à la maison :
Résultat : Surcharge cognitive, frustration, dévalorisation, conflits familiaux, rejet de l’école.
Les types de difficultés selon les troubles
Dyslexie / Dysorthographie :
Dyspraxie / Dysgraphie :
Dyscalculie :
TDAH :
Dysphasie :
L’impact sur les familles
Les devoirs des enfants avec troubles créent souvent :
Votre rôle d’enseignant est crucial : adapter les devoirs peut transformer cette situation.
Principe fondamental : Équité vs Égalité
Égalité : donner la même chose à tous
“Tous les élèves ont 10 exercices de maths et une poésie à apprendre.”
Résultat pour l’élève dyslexique : 10 exercices lui prennent 2 heures au lieu de 30 minutes, la poésie ne rentre pas en mémoire malgré 1 heure de répétition. Total : 3 heures de devoirs, épuisement, échec.
Équité : donner à chacun ce dont il a besoin pour réussir
“Les élèves ont 10 exercices de maths. Lucas (dyslexique) en fait 5, mais avec les consignes lues par un parent. La poésie, il l’apprend en écoutant un enregistrement audio et doit la réciter (pas l’écrire).”
Résultat pour Lucas : 45 minutes de devoirs, il réussit, il apprend, il ne pleure pas, la relation avec ses parents est préservée.
L’équité n’est pas une injustice envers les autres élèves. C’est donner à chacun les conditions de réussite.
Stratégie 1 : Adapter la quantité de travail
Le principe de la réduction quantitative
Pour un élève avec troubles, faire moins mais bien vaut mieux que faire tout mais mal (ou ne pas faire du tout par découragement).
Exemples d’adaptations quantitatives :
Exercices d’application :
Devoirs d’écriture :
Poésie :
Leçons à réviser :
Comment décider de la réduction ?
Règle générale : Le temps de devoirs ne doit pas dépasser :
Si un élève avec troubles dépasse systématiquement ces durées, c’est qu’il faut adapter.
Méthode de test :
1. Donnez les devoirs adaptés (réduits) pendant 2 semaines
2. Évaluez si l’élève maîtrise les notions travaillées
3. Si oui : l’adaptation est bonne
4. Si non : ce n’est pas un problème de quantité, c’est autre chose (besoin d’aide supplémentaire, notion pas comprise)
Communiquer la réduction aux familles
Document à fournir aux parents :
“Pour Lucas, les devoirs sont adaptés en quantité :
Ces adaptations permettent à Lucas de travailler les mêmes notions que ses camarades, dans un temps raisonnable et sans épuisement.”
Résultat : Les parents savent exactement quoi faire, pas d’ambiguïté, pas de culpabilité.
Stratégie 2 : Adapter le format des devoirs
Diversifier les modalités
Au lieu de devoirs uniquement écrits, proposez des alternatives :
Pour la lecture :
Pour l’apprentissage de leçons :
Pour la production écrite :
Pour les exercices :
Les devoirs numériques : un atout pour les DYS
Les outils numériques permettent :
1. L’autonomie : L’élève peut faire ses devoirs seul avec des outils de compensation (synthèse vocale, prédiction de mots, correcteur)
2. La motivation : Les supports numériques sont souvent plus ludiques et engageants
3. La compensation des difficultés : Le clavier compense la dysgraphie, la synthèse vocale compense la dyslexie
COCO PENSE et COCO BOUGE : L’outil idéal pour les devoirs adaptés
Le programme COCO PENSE et COCO BOUGE est parfait pour les devoirs à la maison :
Pourquoi COCO est adapté aux devoirs ?
1. Autonomie totale : L’enfant peut faire ses exercices seul, les consignes sont claires (audio + visuel)
2. Durée maîtrisée : Vous pouvez définir 15-20 minutes de COCO comme devoir, et l’application gère le temps
3. Pauses actives intégrées : Même pendant les devoirs, l’enfant bouge toutes les 15 minutes, ce qui est parfait pour les TDAH
4. Adaptation automatique : La difficulté s’adapte au niveau de l’enfant, il n’est ni en échec ni en ennui
5. Feedback immédiat : L’enfant sait tout de suite s’il a bon ou faux, il peut corriger seul
6. Multi-domaines : Maths, français, logique, mémoire, attention – tous les domaines du primaire
Exemple de devoir avec COCO :
“Devoir du soir : Faire 20 minutes de COCO sur la tablette, domaine ‘Calcul mental’ ou ‘Lecture’. L’application imposera automatiquement une pause sportive.”
Avantages :
Stratégie 3 : Fournir des supports adaptés
Les supports de devoirs modifiés
Ne vous contentez pas de donner moins de devoirs, donnez aussi des devoirs dans un format accessible :
Fiches d’exercices adaptées :
Leçons adaptées :
Poésies adaptées :
Le cahier de texte adapté
Pour les élèves TDAH ou désorganisés, le cahier de texte classique est un cauchemar.
Solutions :
Le cahier de texte numérique partagé :
Utilisez un outil comme Klassroom, Pronote, ou un simple document Google partagé où vous notez les devoirs. Les parents y ont accès en temps réel.
Le cahier de texte pré-rempli :
Pour certains élèves, donnez un cahier de texte déjà rempli (vous avez noté les devoirs vous-même). L’élève le colle dans son cahier ou le met dans son sac.
Le système de couleurs :
L’enfant visualise immédiatement la charge de travail.
La checklist visuelle :
Au lieu d’une liste écrite, donnez une checklist avec pictogrammes :
Stratégie 4 : Le temps et l’organisation
La règle du temps maximum
Instaurer une règle claire avec les parents :
“Si les devoirs prennent plus de [durée adaptée au niveau], vous arrêtez et vous m’écrivez un mot. Je ne pénaliserai pas l’enfant, je prendrai cela comme une information sur ce qui doit être encore adapté.”
Exemple de mot des parents :
“Lucas a travaillé 45 minutes sur les exercices de maths mais n’a fait que les 5 premiers. Il était épuisé, on a arrêté.”
Votre réponse :
“Merci pour l’information. À partir de maintenant, Lucas fera uniquement les exercices 1, 3, 5, 7 et 9 (au lieu de tous). Cela devrait prendre 20-25 minutes.”
Le moment optimal pour les devoirs
Conseillez aux parents :
PAS immédiatement après l’école : L’enfant est épuisé de sa journée, ses ressources cognitives sont à zéro.
Le bon timing :
1. Retour de l’école : Goûter + pause récréative (courir dehors, jouer, bouger) – 30-45 minutes
2. Devoirs : Quand l’enfant a récupéré de l’énergie – 20-30 minutes maximum
3. Pause : Si besoin, pause de 10 minutes entre deux matières
4. Finir avant le dîner : Pour que la soirée reste un moment de détente familiale
Pour les élèves TDAH : Fractionnez encore plus :
Stratégie 5 : La communication avec les familles
Le contrat de devoirs personnalisé
Pour chaque élève avec troubles, établissez un contrat de devoirs co-construit avec les parents et éventuellement l’orthophoniste.
Exemple de contrat pour Lucas (CE2, dyslexique) :
📋 CONTRAT DE DEVOIRS – Lucas
Objectif : Permettre à Lucas de consolider ses apprentissages sans épuisement.
Durée maximale : 30 minutes par soir
Adaptations mises en place :
Mathématiques :
Français :
Leçons à réviser :
Outils autorisés :
Rôle des parents :
Évaluation : On fait le point toutes les 3 semaines pour ajuster si nécessaire.
Ce contrat sera transmis à l’orthophoniste et sera intégré dans le PAP/PPS de Lucas.
Le cahier de liaison adapté
Pour faciliter la communication quotidienne :
Page type du cahier de liaison :
Date : ___________
Devoirs prévus : [Vous les notez]
Retour des parents :
☐ Devoirs faits en ______ minutes
☐ Difficultés rencontrées : _______________
☐ Tout s’est bien passé
Votre retour le lendemain :
“Merci ! Super travail Lucas !” ou “Je vais encore adapter, on en parle.”
Les réunions d’ajustement
Planifiez des points réguliers :
Questions à poser aux parents :
Stratégie 6 : Les devoirs alternatifs
Proposer des devoirs différents, pas juste moins
Parfois, il ne s’agit pas seulement de réduire la quantité, mais de changer la nature même du devoir pour qu’il soit adapté aux forces de l’élève.
Exemples de devoirs alternatifs :
Au lieu de : “Écrire 10 phrases au passé composé”
Proposez à l’élève dyspraxique : “Enregistre-toi en train de dire 10 phrases au passé composé. Tu m’envoies l’audio ou tu me le fais écouter demain.”
→ Même objectif pédagogique (maîtrise du passé composé), modalité adaptée
Au lieu de : “Apprendre la leçon d’histoire pages 34-36”
Proposez à l’élève dyslexique : “Écoute la version audio de la leçon (fichier joint) deux fois, puis explique à tes parents avec tes mots ce que tu as compris.”
→ Même objectif (mémorisation), modalité adaptée
Au lieu de : “Faire la fiche de géométrie (10 exercices de tracés)”
Proposez à l’élève dyspraxique : “Fais les exercices 1, 3 et 5 sur l’ordinateur avec GeoGebra” (logiciel de géométrie)
→ Même objectif (comprendre les propriétés géométriques), modalité adaptée
Au lieu de : “Lire le chapitre 3 du roman”
Proposez à l’élève très dyslexique : “Écoute le chapitre 3 en livre audio OU Lis le résumé du chapitre que je t’ai préparé (1 page au lieu de 10)”
→ Objectif adapté : accéder à l’histoire sans épuisement
Les devoirs “à la carte”
Pour certains élèves, proposez un système de choix :
Menu de devoirs – Maths (CE2) :
Tu dois gagner 5 points parmi ces activités :
Résultat : L’élève dyspraxique peut choisir COCO (2 points) + révision tables (2 points) + inventer 1 seul problème à l’oral (1 point) = 5 points, sans avoir à écrire !
Se former pour mieux adapter : les formations DYNSEO
Pour approfondir vos compétences en adaptation des devoirs et en accompagnement des élèves avec troubles, DYNSEO propose deux formations essentielles :
Formation : Accompagner les élèves avec troubles des apprentissages
Cette formation vous permet de :
Formation : Troubles DYS : repérer et adapter
Cette formation aborde notamment :
Témoignages : quand les devoirs deviennent possibles
Témoignage de Mme Dubois, maman de Tom (CM1, TDAH)
“Avant, les devoirs, c’était l’enfer. On criait, Tom pleurait, ça durait 2 heures. Depuis que la maîtresse a adapté – devoirs réduits, format court, possibilité d’utiliser COCO – tout a changé. Tom fait ses devoirs en 25 minutes, il est fier de lui, et nos soirées sont redevenues agréables. Je ne pensais pas que c’était possible.”
Témoignage de Clara, CM2, dyslexique
“Je détestais les devoirs avant. Il y avait trop à lire, et j’y passais mes soirées entières. Maintenant, ma maîtresse me donne des versions audio des leçons et je fais moins d’exercices, mais je fais bien. Je comprends aussi bien que les autres, mais ça me prend moins de temps. Et j’ai le temps de faire de la danse après l’école !”
Témoignage de M. Legrand, enseignant CE2
“Au début, j’avais peur que réduire les devoirs soit ‘baisser les exigences’. Mais en fait, c’est le contraire. Quand Lucas fait 5 exercices bien faits au lieu de 10 mal faits en pleurant, il apprend vraiment. Et les parents me remercient de leur avoir rendu des soirées vivables. Je ne comprends pas pourquoi je ne l’ai pas fait avant.”
Les erreurs à éviter
Erreur 1 : “Si je réduis pour un, je dois réduire pour tous”
Faux ! L’équité n’est pas l’égalité. Un élève qui met 3 heures à faire des devoirs prévus pour 30 minutes a BESOIN d’une adaptation. Les autres non.
Réponse si un parent se plaint : “Je comprends votre questionnement. Lucas a des troubles qui font que les mêmes devoirs lui prennent 3 fois plus de temps. L’adapter, c’est lui donner les mêmes chances de réussir. Votre enfant n’a pas besoin de cette adaptation, donc il fait la quantité normale.”
Erreur 2 : Adapter sans le dire à l’enfant
Mauvaise pratique : Vous donnez une fiche avec moins d’exercices sans expliquer pourquoi. L’enfant se sent “différent” et ne comprend pas.
Bonne pratique : “Lucas, tu vas faire les exercices surlignés. C’est normal, c’est ce qu’on a décidé ensemble pour que tu puisses réussir sans être trop fatigué. Les autres font plus d’exercices parce qu’ils ont besoin de plus d’entraînement. Toi, tu as besoin de moins mais bien fait.”
Erreur 3 : Laisser les parents se débrouiller seuls
Mauvaise pratique : “Adaptez les devoirs comme vous voulez à la maison.”
Résultat : Les parents ne savent pas ce qu’ils ont le droit de faire, culpabilisent, ou au contraire ne font rien.
Bonne pratique : Donnez des instructions claires : “Pour Lucas : faire uniquement les exercices 1, 3, 5. Si c’est trop, arrêtez après 20 minutes et prévenez-moi.”
Erreur 4 : Ne jamais réévaluer les adaptations
Mauvaise pratique : Vous mettez en place des adaptations en septembre et ne les réévaluez jamais.
Résultat : Soit l’adaptation n’est plus nécessaire (l’enfant a progressé), soit elle n’est plus suffisante (nouvelles difficultés).
Bonne pratique : Point d’étape toutes les 6 semaines avec les parents pour ajuster.
Plan d’action : adapter les devoirs en 4 semaines
Semaine 1 : Identifier les élèves qui en ont besoin
Jour 1 : Listez les élèves qui ont des troubles identifiés (PAP, PPS, PPRE) ou qui sont systématiquement en difficulté avec les devoirs.
Jours 2-5 : Contactez les familles de ces élèves : “Comment se passent les devoirs à la maison ? Combien de temps ça prend ? Quelles difficultés ?”
Semaine 2 : Créer les adaptations
Jour 1 : Pour chaque élève identifié, décidez du type d’adaptation nécessaire :
Jours 2-5 : Préparez les supports adaptés :
Semaine 3 : Mettre en place et communiquer
Jour 1 : Réunion rapide (ou appel téléphonique) avec chaque famille pour expliquer les adaptations et donner le “contrat de devoirs”.
Jours 2-5 : Lancement des devoirs adaptés. Demandez un retour quotidien rapide dans le cahier de liaison (durée, difficultés).
Semaine 4 : Ajuster
Jours 1-3 : Analysez les retours. Les devoirs prennent encore trop de temps ? Réduisez encore. Ça se passe bien ? Continuez.
Jours 4-5 : Faites un point avec les familles : “Comment ça se passe maintenant ? Est-ce que c’est mieux ?”
Au-delà : Routine d’ajustement
Chaque mois : Mini-point avec les familles concernées (5 min en fin de journée ou par téléphone).
Chaque trimestre : Réunion plus formelle pour réévaluer les adaptations et éventuellement les modifier.
Conclusion : Des devoirs qui aident, pas qui détruisent
Les devoirs ne doivent jamais être une source de souffrance. Leur but est de consolider les apprentissages, pas de décourager les élèves et d’épuiser les familles. Pour les enfants avec troubles des apprentissages, les devoirs traditionnels sont souvent contre-productifs : ils passent tellement de temps et d’énergie qu’ils n’apprennent rien et finissent par détester l’école.
Adapter les devoirs, ce n’est pas baisser les exigences. C’est permettre à TOUS les élèves de consolider leurs apprentissages dans des conditions équitables. Quand Lucas dyslexique fait 5 exercices bien faits au lieu de 10 mal faits dans les larmes, il apprend réellement. Quand Emma dyspraxique dicte son texte au lieu de l’écrire péniblement, elle développe vraiment ses compétences rédactionnelles.
Les six stratégies présentées – adapter la quantité, le format, fournir des supports accessibles, gérer le temps, communiquer avec les familles, et proposer des devoirs alternatifs – sont simples à mettre en œuvre et transforment radicalement l’expérience des devoirs.
Rappelez-vous : Un enfant qui réussit ses devoirs adaptés apprend. Un enfant qui échoue sur des devoirs inadaptés n’apprend rien et se décourage. Votre pouvoir d’adaptation peut changer la trajectoire scolaire d’un élève.
Alors, prêt à transformer les devoirs dans votre classe ? Commencez par un ou deux élèves cette semaine, testez, ajustez, et vous verrez la différence. Les sourires des enfants et la reconnaissance des parents en valent largement l’effort !
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Ressources pour aller plus loin :
Les devoirs doivent être un moment d’apprentissage, pas un moment de souffrance. Vous avez le pouvoir de transformer cela. Utilisez-le !
