De la Page Blanche au Texte Réussi : Structures et Modèles Visuels Pour Élèves DYS

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Introduction : Le syndrome de la page blanche

“Écrivez un texte sur vos vacances.”

Pour la majorité de vos élèves, cette consigne suffit. Ils prennent leur cahier et se lancent. Mais pour Lucas, dyslexique et dysorthographique, c’est le début d’un calvaire. Il fixe sa page blanche depuis 10 minutes. Il ne sait pas par où commencer. Il a plein d’idées dans sa tête, mais impossible de les organiser. Et quand il commence à écrire, c’est un chaos : pas de structure, des phrases qui partent dans tous les sens, des mots manquants, une orthographe catastrophique.

Résultat : après 30 minutes d’effort intense, Lucas a produit 4 lignes confuses et illisibles. Il est épuisé, découragé, et vous dit : “De toute façon, j’suis nul en écriture.”

Le problème ? Ce n’est pas que Lucas n’a rien à dire. C’est qu’il ne sait pas COMMENT le dire.

Les élèves DYS (dyslexiques, dysorthographiques, dyspraxiques, et même certains TDAH) peinent énormément en production d’écrits. Trop de choses à gérer simultanément : quoi dire, comment l’organiser, comment formuler, comment orthographier, comment écrire lisiblement… C’est une surcharge cognitive massive.

La solution ? Des structures, des modèles, des supports visuels qui guident, étape par étape.

Dans cet article, nous allons explorer comment transformer l’expérience d’écriture de vos élèves DYS : banques de structures de phrases et de textes, trames visuelles, modèles prêts à remplir, stratégies d’étayage progressif. Des outils concrets que vous pouvez utiliser dès demain pour que vos élèves DYS passent de “je ne sais pas quoi écrire” à “j’ai réussi mon texte !”

Comprendre les difficultés en production d’écrits

Les multiples tâches à gérer simultanément

Écrire un texte, c’est jongler avec :

1. Le contenu (quoi dire ?)

  • Générer des idées
  • Les sélectionner
  • Les organiser logiquement
  • 2. La structure (comment organiser ?)

  • Introduction, développement, conclusion
  • Paragraphes
  • Connecteurs logiques
  • 3. La formulation (comment le dire ?)

  • Choisir les bons mots
  • Construire des phrases correctes
  • Varier les structures
  • 4. L’orthographe

  • Orthographe lexicale (comment s’écrit le mot)
  • Orthographe grammaticale (accords, conjugaisons)
  • 5. Le geste graphique

  • Former les lettres
  • Écrire lisiblement
  • Gérer l’espace sur la page
  • Pour un élève neurotypique, certaines de ces tâches sont automatisées. Pour un élève DYS, AUCUNE ne l’est vraiment.

    Les troubles DYS et la production d’écrits

    Dyslexie + Dysorthographie :

  • Difficultés orthographiques massives
  • Vocabulaire écrit limité (ils utilisent seulement les mots qu’ils savent écrire)
  • Lenteur d’écriture
  • Surcharge cognitive qui empêche de penser au contenu
  • Dyspraxie :

  • Geste graphique très coûteux
  • Écriture lente et fatigante
  • Difficulté à gérer l’espace sur la page
  • Épuisement rapide
  • TDAH :

  • Difficultés à organiser les idées
  • Textes qui partent dans tous les sens
  • Oubli du sujet en cours d’écriture
  • Difficultés à se relire et se corriger
  • Dysphasie :

  • Difficultés à construire des phrases correctes
  • Vocabulaire limité
  • Erreurs de syntaxe
  • Textes très courts et simplifiés
  • Résultat : L’évitement

    Face à tant de difficultés, beaucoup d’élèves DYS développent un évitement de l’écrit.

    “J’ai pas d’idées.”

    “J’suis fatigué.”

    “J’aime pas écrire.”

    Ce n’est pas de la mauvaise volonté. C’est une protection contre l’échec répété et l’épuisement.

    Principe fondamental : Décomposer et étayer

    La démarche d’étayage progressif

    Au lieu de demander : “Écris un texte”, nous allons découper la tâche en petites étapes, chacune étant guidée et supportée.

    Étape 1 : Générer les idées (avec cartes mentales, brainstorming guidé)

    Étape 2 : Organiser les idées (avec plan visuel, numérotation)

    Étape 3 : Formuler phrase par phrase (avec banques de structures)

    Étape 4 : Écrire (avec supports adaptés : ordinateur, lignage adapté, secrétaire)

    Étape 5 : Relire et corriger (avec grilles de relecture)

    Principe : On ne demande JAMAIS de faire toutes les étapes simultanément.

    Les 3 niveaux d’étayage

    Niveau 1 : Étayage maximal (début de l’apprentissage)

    Vous fournissez tout : le plan, les structures de phrases, le vocabulaire. L’élève remplit juste les blancs.

    Niveau 2 : Étayage intermédiaire

    Vous fournissez le plan et des exemples de structures. L’élève choisit et adapte.

    Niveau 3 : Étayage minimal (autonomie progressive)

    Vous fournissez juste une trame générale. L’élève gère le contenu et la formulation.

    Important : On progresse du niveau 1 au niveau 3 sur l’année, MAIS on revient au niveau 1 quand on introduit un nouveau type de texte.

    Stratégie 1 : Les banques de structures de phrases

    Qu’est-ce qu’une banque de structures ?

    Une banque de structures est une collection de phrases-modèles que l’élève peut utiliser et compléter pour construire son texte.

    Exemple : Écrire un portrait

    Banque de structures :

    Pour commencer :

  • “Je vais vous présenter…”
  • “Aujourd’hui, je vais parler de…”
  • “Laissez-moi vous décrire…”
  • Pour décrire l’apparence :

  • “Il/Elle a les cheveux…”
  • “Ses yeux sont…”
  • “Il/Elle mesure environ…”
  • “Il/Elle porte souvent…”
  • Pour décrire le caractère :

  • “C’est quelqu’un de très…”
  • “Il/Elle est…”
  • “On peut dire qu’il/elle est…”
  • “Ce qui me plaît chez lui/elle, c’est…”
  • Pour conclure :

  • “Voilà pourquoi j’apprécie…”
  • “En résumé,…”
  • “C’est pour toutes ces raisons que…”
  • Utilisation :

    L’élève choisit les structures qui lui conviennent et complète avec ses propres mots.

    Résultat :

    “Je vais vous présenter mon grand-père. Il a les cheveux blancs. Ses yeux sont bleus. C’est quelqu’un de très gentil. Il est drôle. Voilà pourquoi j’apprécie mon grand-père.”

    → Texte structuré, cohérent, et l’élève l’a écrit lui-même (avec guidance) !

    Banques de structures par type de texte

    Texte narratif (raconter) :

    Situation initiale :

  • “Un jour,…”
  • “C’était un matin de…”
  • “Il était une fois…”
  • Élément perturbateur :

  • “Soudain,…”
  • “Tout à coup,…”
  • “Mais voilà que…”
  • Péripéties :

  • “Alors,…”
  • “Ensuite,…”
  • “Après cela,…”
  • Résolution :

  • “Finalement,…”
  • “À la fin,…”
  • “Heureusement,…”
  • Situation finale :

  • “Depuis ce jour,…”
  • “Et c’est ainsi que…”
  • “Voilà comment…”
  • Texte descriptif (décrire un lieu) :

    Introduction :

  • “Je vais décrire…”
  • “L’endroit dont je vais parler est…”
  • Description générale :

  • “C’est un endroit…”
  • “On y trouve…”
  • Détails :

  • “Sur la droite,…”
  • “Au fond,…”
  • “Juste à côté,…”
  • Impression personnelle :

  • “Ce que j’aime dans cet endroit, c’est…”
  • “J’ai l’impression que…”
  • Texte argumentatif (donner son avis) :

    Thèse :

  • “Je pense que…”
  • “À mon avis,…”
  • “Selon moi,…”
  • Argument 1 :

  • “D’abord,…”
  • “Tout d’abord,…”
  • “Premièrement,…”
  • Argument 2 :

  • “Ensuite,…”
  • “De plus,…”
  • “En outre,…”
  • Argument 3 :

  • “Enfin,…”
  • “Pour finir,…”
  • Conclusion :

  • “C’est pourquoi…”
  • “Pour toutes ces raisons,…”
  • “En conclusion,…”
  • Comment créer et utiliser ces banques ?

    Étape 1 : Créer les banques

    Pour chaque type de texte travaillé, créez une fiche A4 avec les structures.

    Étape 2 : Affichage en classe

    Affichez les banques au mur, accessibles à tous.

    Étape 3 : Fiches individuelles

    Donnez à chaque élève DYS une version plastifiée de la banque qu’il garde sur sa table pendant l’écriture.

    Étape 4 : Modélisation

    Avant de demander d’écrire, montrez VOUS-MÊME comment utiliser la banque pour construire un texte.

    Étape 5 : Écriture guidée collective

    Écrivez un texte tous ensemble au tableau en utilisant la banque. Les élèves proposent, vous écrivez.

    Étape 6 : Écriture semi-guidée en binômes

    Par deux, les élèves écrivent en utilisant la banque.

    Étape 7 : Écriture individuelle

    Chacun écrit seul, mais avec la banque accessible.

    Stratégie 2 : Les trames visuelles (textes à trous structurés)

    Qu’est-ce qu’une trame visuelle ?

    Une trame visuelle est un texte pré-rédigé avec des blancs à compléter, organisé visuellement avec des couleurs, des pictogrammes, des encadrés.

    Exemple : Trame pour une recette

    “`

    🍳 MA RECETTE

    📝 INGRÉDIENTS :

  • ___________________
  • ___________________
  • ___________________
  • 🔪 USTENSILES :

  • ___________________
  • ___________________
  • 👨‍🍳 PRÉPARATION :

    Étape 1️⃣ : D’abord, je ___________________.

    Étape 2️⃣ : Ensuite, je ___________________.

    Étape 3️⃣ : Puis, je ___________________.

    Étape 4️⃣ : Enfin, je ___________________.

    😋 BON APPÉTIT !

    “`

    Avantages :

  • Structure visuelle très claire
  • Pictogrammes qui guident
  • Quantité d’écriture limitée (rassure les élèves DYS)
  • Résultat professionnel qui valorise
  • Trames par type de texte

    Trame pour une lettre :

    “`

    Lieu : _______________ , le _______________

    Cher / Chère _______________,

    Je t’écris pour _______________.

    D’abord, je veux te dire que _______________.

    Ensuite, _______________.

    J’espère que _______________.

    À bientôt !

    _______________

    (signature)

    “`

    Trame pour un compte-rendu de sortie :

    “`

    🚌 SORTIE DU _______________

    📍 Lieu : _______________

    👥 Avec : _______________

    🕐 Départ : _______________

    🕐 Retour : _______________

    📖 CE QUE J’AI VU :

    _______________________________________________

    _______________________________________________

    ❤️ CE QUE J’AI AIMÉ :

    _______________________________________________

    🤔 CE QUE J’AI APPRIS :

    _______________________________________________

    “`

    Trame pour un récit d’expérience scientifique :

    “`

    🔬 MON EXPÉRIENCE

    ❓ QUESTION : Que se passe-t-il si _______________ ?

    💡 HYPOTHÈSE : Je pense que _______________.

    🧪 EXPÉRIENCE :

    Matériel : _______________

    Étapes :

    1. _______________

    2. _______________

    3. _______________

    👀 RÉSULTATS : J’ai observé que _______________.

    ✅ CONCLUSION : J’en conclus que _______________.

    “`

    Comment utiliser les trames ?

    Usage 1 : Étayage maximal (début)

    L’élève remplit simplement les blancs. Vous validez avant qu’il recopie sur son cahier (ou il laisse directement la trame).

    Usage 2 : Étayage intermédiaire

    L’élève utilise la trame comme modèle mais écrit sur une feuille blanche en suivant la structure.

    Usage 3 : Étayage minimal

    L’élève a accès à la trame comme aide-mémoire mais compose son texte librement.

    Stratégie 3 : Les organisateurs graphiques (plans visuels)

    Qu’est-ce qu’un organisateur graphique ?

    Un organisateur graphique est un schéma visuel qui aide à organiser ses idées AVANT d’écrire.

    Le diagramme “hamburger” (texte argumentatif)

    “`

    ┌─────────────────────┐

    │ INTRODUCTION │ (Pain du haut = Introduction)

    │ Mon opinion │

    └─────────────────────┘

    ┌─────────────────────┐

    │ ARGUMENT 1 │ (Steak = Arguments)

    │ Parce que… │

    └─────────────────────┘

    ┌─────────────────────┐

    │ ARGUMENT 2 │ (Fromage = Argument 2)

    │ De plus… │

    └─────────────────────┘

    ┌─────────────────────┐

    │ ARGUMENT 3 │ (Salade = Argument 3)

    │ Enfin… │

    └─────────────────────┘

    ┌─────────────────────┐

    │ CONCLUSION │ (Pain du bas = Conclusion)

    │ C’est pourquoi… │

    └─────────────────────┘

    “`

    Utilisation :

    Avant d’écrire son texte argumentatif, l’élève remplit son “hamburger”. Chaque “ingrédient” est un élément du texte.

    Le schéma narratif (texte narratif)

    “`

    1️⃣ SITUATION INITIALE

    ┌────────────────┐

    │ Qui ? Où ? │

    │ Quand ? │

    └────────────────┘

    2️⃣ PROBLÈME

    ┌────────────────┐

    │ Que se passe- │

    │ t-il ? │

    └────────────────┘

    3️⃣ ACTIONS

    ┌────────────────┐

    │ Que font les │

    │ personnages ? │

    └────────────────┘

    4️⃣ RÉSOLUTION

    ┌────────────────┐

    │ Comment ça se │

    │ termine ? │

    └────────────────┘

    5️⃣ SITUATION FINALE

    ┌────────────────┐

    │ Et après ? │

    └────────────────┘

    “`

    La carte araignée (description)

    “`

    ┌─ Cheveux

    ├─ Yeux

    ASPECT ─┤

    ├─ Taille

    └─ Vêtements

    PERSONNAGE ─┤

    ┌─ Gentil

    ├─ Drôle

    CARACTÈRE ─┤

    ├─ Courageux

    └─ …

    “`

    Comment enseigner l’utilisation des organisateurs ?

    Étape 1 : Modélisation collective

    Vous remplissez un organisateur au tableau avec toute la classe sur un exemple.

    Étape 2 : Guidage collectif

    Les élèves vous dictent les éléments à mettre dans chaque case, vous les écrivez.

    Étape 3 : Travail en binômes

    Par deux, les élèves remplissent un organisateur.

    Étape 4 : Travail individuel

    Chacun remplit son organisateur seul.

    Étape 5 : De l’organisateur au texte

    Une fois l’organisateur rempli, l’élève utilise une banque de structures pour rédiger son texte.

    Stratégie 4 : Les aides lexicales (banques de mots)

    Le problème du vocabulaire limité

    Les élèves dysorthographiques n’utilisent que les mots qu’ils savent écrire. Résultat : vocabulaire pauvre, répétitions.

    Solution : Les murs de mots thématiques

    Principe : Pour chaque thème travaillé, créez un affichage avec le vocabulaire essentiel, correctement orthographié.

    Exemple : Le portrait

    “`

    🙂 VISAGE

    yeux • nez • bouche • cheveux • oreilles

    front • joues • menton

    👀 YEUX

    bleus • verts • marrons • noirs

    grands • petits • ronds

    💇 CHEVEUX

    courts • longs • frisés • raides • bouclés

    blonds • bruns • roux • noirs • blancs

    🎭 CARACTÈRE

    gentil • méchant • drôle • sérieux

    timide • bavard • calme • agité

    généreux • égoïste

    “`

    Avantages :

  • Vocabulaire riche accessible
  • Correctement orthographié
  • Visuellement organisé par catégories
  • Les boîtes à mots individuelles

    Chaque élève a une petite boîte (ou un classeur) avec des cartes de mots fréquents ou utiles, organisées par thème.

    Contenu des cartes :

  • RECTO : Le mot correctement écrit
  • VERSO : Une image ou la définition
  • Organisation :

  • Onglet “Mots de liaison” (mais, donc, car, or, parce que, ensuite…)
  • Onglet “Verbes utiles” (dire, faire, aller, venir, prendre…)
  • Onglet “Adjectifs” (beau, grand, petit, gentil…)
  • Onglets thématiques (école, famille, nature…)
  • Utilisation :

    Pendant l’écriture, l’élève peut consulter sa boîte à mots.

    Les substituts pour éviter les répétitions

    Créez des affiches “Pour ne pas répéter” :

    Pour dire “DIRE” :

    déclarer • affirmer • expliquer • raconter • murmurer • crier • chuchoter

    Pour dire “BEAU” :

    joli • magnifique • splendide • superbe • ravissant

    Pour dire “CONTENT” :

    heureux • joyeux • ravi • enchanté

    Stratégie 5 : La dictée à l’adulte et l’écriture partagée

    La dictée à l’adulte : séparer idées et transcription

    Principe : L’élève dicte son texte, vous (ou un pair, ou un logiciel) écrivez.

    Avantages :

  • L’élève se concentre sur le CONTENU (idées, organisation, formulation)
  • Pas de surcharge par l’orthographe et le geste graphique
  • Permet de produire des textes longs et riches
  • Quand l’utiliser ?

  • Pour les élèves dyspraxiques sévères
  • Pour les élèves dysorthographiques qui se bloquent
  • Pour les premières productions d’un nouveau type de texte
  • Pour des textes longs (projet d’écriture)
  • Comment organiser ?

    Option 1 : Vous êtes le secrétaire

    En APC ou en petit groupe, l’élève vous dicte, vous écrivez sous ses yeux.

    Option 2 : Un pair est le secrétaire

    En binôme, un élève dicte, l’autre écrit. Puis on inverse les rôles.

    Option 3 : Logiciel de reconnaissance vocale

    L’élève dicte à l’ordinateur ou la tablette (Word, Google Docs avec micro activé).

    Important : L’élève reste auteur de son texte

    Vous écrivez ce qu’il dicte, mais c’est LUI qui choisit quoi dire, comment le dire, comment organiser.

    L’écriture partagée : co-construction

    Principe : Vous écrivez un texte ENSEMBLE avec l’élève (ou un groupe).

    Déroulement :

    1. Vous posez des questions : “Comment on commence ? Que se passe-t-il ensuite ?”

    2. L’élève propose des phrases

    3. Vous les reformulez si nécessaire ensemble : “On pourrait dire… Qu’en penses-tu ?”

    4. Vous écrivez au tableau (ou sur l’ordinateur projeté)

    5. Le texte se construit progressivement

    Avantages :

  • Modeling de la démarche d’écriture
  • L’élève apprend comment on construit un texte
  • Moins anxiogène que l’écriture seule
  • Stratégie 6 : Les grilles de relecture (compenser la dysorthographie)

    Le problème de la relecture

    “Relis-toi et corrige tes erreurs.”

    Pour un élève dysorthographique, cette consigne est IMPOSSIBLE à appliquer. Il ne VOIT pas ses erreurs.

    Solution : Grilles de relecture ciblées

    Au lieu de : “Relis tout”

    Proposez : “Relis en cherchant UNE chose à la fois”

    Exemple de grille de relecture (CP-CE2) :

    “`

    ✅ GRILLE DE RELECTURE

    ☐ 1. J’ai mis une MAJUSCULE au début.

    ☐ 2. J’ai mis un POINT à la fin.

    ☐ 3. J’ai vérifié les ACCORDS (s au pluriel).

    ☐ 4. J’ai entouré les mots dont je ne suis pas sûr.

    “`

    Exemple de grille de relecture (CM1-CM2) :

    “`

    ✅ GRILLE DE RELECTURE

    ☐ 1. Majuscules et points

    ☐ 2. Accords dans le GN (le chat noir / les chatS noirS)

    ☐ 3. Accords sujet-verbe (il mange / ils mangent)

    ☐ 4. Homophones (a/à, et/est, son/sont)

    ☐ 5. Mots à vérifier dans le dictionnaire (5 max)

    “`

    Utilisation :

    L’élève coche chaque ligne AU FUR ET À MESURE qu’il vérifie ce point spécifique.

    Codes de correction adaptés

    Au lieu de souligner toutes les erreurs (décourageant !), utilisez un code :

    O = Orthographe lexicale (mot mal écrit)

    A = Accord (problème d’accord)

    V = Verbe (problème de conjugaison)

    Vous mettez juste le code dans la marge. L’élève cherche l’erreur dans la ligne.

    Adaptation pour DYS : Ne corrigez pas TOUTES les erreurs

    Choisissez 5-10 erreurs prioritaires (les plus visibles ou les notions en cours d’apprentissage). Ignorez les autres pour cette fois.

    Stratégie 7 : Outils numériques pour compenser

    Le traitement de texte avec correcteur

    Avantages pour les DYS :

  • Pas de geste graphique (élèves dyspraxiques)
  • Correcteur orthographique (aide les dysorthographiques)
  • Mise en page automatique
  • Possibilité de réorganiser facilement
  • Résultat propre et valorisant
  • Logiciels et applications :

  • Word / LibreOffice : Avec correcteur activé
  • Antidote : Correcteur puissant (mais payant)
  • Scribens : Correcteur gratuit en ligne
  • Astuce : Paramétrez le correcteur pour souligner les erreurs SANS proposer automatiquement la correction

    L’élève voit qu’il y a une erreur et cherche lui-même comment corriger (apprentissage).

    Le programme COCO pour travailler l’écrit autrement

    Le programme COCO PENSE et COCO BOUGE propose des jeux sur le vocabulaire, la construction de phrases, et l’organisation d’idées.

    Programme COCO PENSE et COCO BOUGE

    Jeux utiles pour préparer la production d’écrits :

  • Jeux de vocabulaire (enrichissement)
  • Jeux de catégorisation (organiser les idées)
  • Jeux de séquences logiques (structurer un récit)
  • Jeux de lecture (modèles de phrases)
  • Avantage : Format ludique avec pauses actives toutes les 15 minutes, idéal pour travailler des compétences pré-requises à l’écriture sans la contrainte du geste graphique.

    Logiciels de prédiction de mots

    Principe : Le logiciel propose des mots pendant que l’élève tape, réduisant la quantité de frappe et aidant l’orthographe.

    Exemples :

  • Prédicteur intégré aux smartphones/tablettes
  • Dicom (payant)
  • Se former pour accompagner la production d’écrits

    Formation : Accompagner les élèves avec troubles des apprentissages

    Formation accompagner les élèves

    Cette formation aborde :

  • Toutes les adaptations pour la production d’écrits
  • Création de banques de structures et trames
  • Utilisation d’outils numériques
  • Progression d’étayage
  • Formation : Troubles DYS : repérer et adapter

    Formation troubles DYS

    Témoignages : Quand écrire redevient possible

    Marie, enseignante CE2

    “Avant, mes élèves DYS produisaient 3 lignes après 30 minutes d’effort. Depuis que j’utilise les trames visuelles et les banques de structures, ils écrivent des textes complets et structurés ! Et surtout, ils ont repris confiance.”

    Léo, 9 ans, dyspraxique

    “Maintenant, je dicte mes histoires à l’ordinateur et après je les imprime. C’est trop cool parce que j’ai plein d’idées mais écrire avec mon stylo, c’est trop dur. Là, mes histoires sont belles et je peux les montrer à mes copains !”

    Parents de Sarah, dysorthographique

    “Sarah a écrit une vraie lettre à sa mamie avec la trame de la maîtresse ! Correctement structurée, presque sans fautes (elle a utilisé les mots du mur de mots). Sa mamie était tellement fière ! Et Sarah aussi.”

    Plan d’action : Faciliter l’écriture en 6 étapes

    Étape 1 : Créer 3 banques de structures

    Cette semaine :

    Créez 3 banques de structures pour les 3 types de textes les plus fréquents dans votre classe (portrait, récit, compte-rendu…).

    Étape 2 : Concevoir 2 trames visuelles

    Semaine 2 :

    Créez 2 trames à trous avec pictogrammes pour deux types de textes.

    Étape 3 : Tester un organisateur graphique

    Semaine 3 :

    Enseignez et utilisez le diagramme hamburger ou le schéma narratif avec toute la classe.

    Étape 4 : Installer un mur de mots

    Semaine 4 :

    Créez votre premier mur de mots thématique pour le thème en cours.

    Étape 5 : Proposer dictée à l’adulte

    Semaine 5 :

    Testez la dictée à l’adulte avec 2-3 élèves en APC.

    Étape 6 : Introduire les grilles de relecture

    Semaine 6 :

    Créez et enseignez l’utilisation d’une grille de relecture simple.

    Conclusion : De la page blanche au texte dont on est fier

    La production d’écrits n’est pas inaccessible aux élèves DYS. Elle nécessite juste d’être décomposée, guidée, étayée.

    Les sept stratégies présentées – banques de structures, trames visuelles, organisateurs graphiques, murs de mots, dictée à l’adulte, grilles de relecture, outils numériques – transforment l’expérience d’écriture.

    L’objectif n’est pas que l’élève écrive sans aide. L’objectif est qu’il produise un texte dont il est fier, qui communique efficacement ses idées.

    Avec le temps et la répétition, l’étayage pourra diminuer. Certaines structures seront intériorisées. Certains mots seront mémorisés. Mais l’aide restera toujours nécessaire, et c’est normal.

    Alors, prêt à mettre fin au syndrome de la page blanche ? Créez votre première banque de structures cette semaine. Testez une trame. Observez les visages de vos élèves DYS quand ils vous montreront fièrement leur texte achevé.

    Parce qu’écrire, ce n’est pas un don. C’est une compétence qu’on construit, brique par brique, avec les bons outils.

    Ressources pour aller plus loin :

  • Programme COCO PENSE et COCO BOUGE – Jeux pour développer les compétences pré-requises
  • Formation : Accompagner les élèves avec troubles des apprentissages
  • Formation : Troubles DYS : repérer et adapter

La page blanche n’est plus un obstacle. C’est le début d’un texte réussi !

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