title: La fratrie face à la trisomie : gérer jalousie, responsabilités et relation fraternelle
description: Guide complet pour accompagner les frères et sœurs d’enfants trisomiques : gérer la jalousie, éviter la surresponsabilisation, cultiver une relation fraternelle saine, soutenir la fratrie et préserver l’équilibre familial.
keywords: fratrie trisomie 21, frère sœur enfant trisomique, jalousie fratrie handicap, surresponsabilisation fratrie, relation fraternelle trisomie, soutien fratrie handicap
[/META]
Trisomie 21, fratrie, frères et sœurs, jalousie, relation fraternelle, équilibre familial, soutien
[/TAGS]
Temps de lecture : 19 minutes
“Ma fille aînée est jalouse de l’attention qu’on donne à son frère trisomique.” “Mon fils dit qu’il devra s’occuper de sa sœur toute sa vie, ça l’angoisse.” “Comment leur expliquer le handicap ?” “Elle a honte de son frère à l’école.” “Comment préserver leur relation sans les surcharger ?”
Avoir un frère ou une sœur avec trisomie 21 est une expérience complexe pour la fratrie : fierté et amour, mais aussi parfois jalousie, honte, culpabilité, peur de l’avenir, surresponsabilisation. Les parents, centrés sur l’enfant trisomique, oublient parfois les besoins des autres enfants.
Pourtant, avec communication, équilibre et soutien, la relation fraternelle peut être magnifique, enrichissante pour tous. Ce guide vous aide à accompagner la fratrie, à prévenir les difficultés, et à cultiver des liens forts et sains.
—
Table des matières
3. Éviter la surresponsabilisation
5. Cultiver une relation fraternelle saine
—
Les émotions de la fratrie {#emotions}
Émotions positives
Amour, tendresse
“C’est mon petit frère, je l’aime.”
Fierté
“Ma sœur a gagné sa course à Special Olympics !”
Empathie développée
Comprendre la différence, être tolérant, bienveillant.
Maturité
Souvent plus matures, responsables que leurs pairs.
Émotions difficiles
Jalousie
“Vous vous occupez toujours de lui, jamais de moi !”
Honte (surtout à l’adolescence)
“Mes copains se moquent de mon frère.”
Culpabilité
“Je suis en bonne santé, pas lui. Ce n’est pas juste.”
“J’ai été méchant avec lui, je suis horrible.”
Colère
“Pourquoi on doit toujours adapter notre vie à cause de lui ?”
Peur de l’avenir
“Qui s’occupera de lui quand mes parents seront vieux ? Ce sera moi ?”
Solitude
“Personne ne comprend ce que je vis.”
Toutes ces émotions sont normales, légitimes.
—
Gérer la jalousie {#jalousie}
Pourquoi la jalousie ?
Attention parentale déséquilibrée : Plus de temps, d’énergie, d’argent pour l’enfant trisomique.
Sorties, activités adaptées au rythme de l’enfant trisomique (pas à celui de la fratrie).
Sentiment d’abandon : “Je ne compte pas autant que lui.”
Signes de jalousie
- Régressions (pipi au lit, langage bébé)
- Comportements provocateurs (“Tu préfères [frère/sœur] !”)
- Repli sur soi, tristesse
- Agressivité envers le frère/sœur trisomique
- Lire une histoire (juste vous deux)
- Jouer à un jeu de société
- Sortie spéciale (cinéma, parc)
- L’aîné veut aller au parc d’attractions (trop stimulant pour enfant trisomique) → Y aller avec l’aîné, l’autre parent garde le trisomique
- Activités de l’âge de chaque enfant
- “Surveille ton frère pendant que je cuisine.”
- “Tu devras t’occuper de lui quand nous ne serons plus là.”
- Perte de l’enfance (trop de responsabilités)
- Angoisse de l’avenir (peur d’être “coincé”)
- Ressentiment (envers frère/sœur, envers parents)
- L’enfant se comporte comme un “petit parent”
- Inquiétude excessive pour le frère/sœur
- Difficulté à profiter de sa propre vie (sentiment de culpabilité)
- Faire des études loin
- Vivre leur vie, fonder leur famille
- Dire non (ne pas être tuteur, ne pas héberger)
- “Comment tu te sens ?”
- “Qu’est-ce qui s’est passé à l’école aujourd’hui ?”
- “Mon frère a un handicap” (Sophie Martel)
- “Lili a un frère différent” (Dominique de Saint Mars)
- Sport, loisirs avec amis
- Chambre personnelle (si possible)
- Temps avec grands-parents, oncles/tantes
- COCO PENSE et COCO BOUGE : Toute la fratrie peut jouer ensemble !
- Formation “Accompagner un enfant avec trisomie 21”
- Guide gratuit
- Trisomie 21 France
- Unapei
Comment réduire la jalousie
1. Temps individuel avec chaque enfant
Essentiel :Moments privilégiés (15-30 min/jour) avec chaque enfant, sans l’autre.
Exemples :
Message : “Tu es important, tu existes pour moi.”
2. Valoriser la fratrie
Complimenter, féliciter pour ses réussites (scolaires, sportives, artistiques).
Ne pas tout ramener à l’enfant trisomique.
3. Respecter leurs besoins spécifiques
Ne pas tout adapter au rythme de l’enfant trisomique.
Exemples :
4. Partage équitable (pas égalitaire)
Équitable ≠ égalitaire.
Chacun reçoit selon ses besoins (pas forcément la même chose).
Expliquer : “Ton frère a besoin d’orthophonie, toi tu as besoin de cours de piano. Chacun a ce dont il a besoin.”
5. Légitimer les émotions
“Tu as le droit d’être jaloux, c’est normal. Viens, on va en parler.”
Ne pas nier, ne pas culpabiliser.
—
Éviter la surresponsabilisation {#surresponsabilisation}
Le risque de “parentification”
Parentification : L’enfant (souvent l’aîné) prend un rôle parental envers le frère/sœur trisomique.
Exemples :
Conséquences :
Signes de surresponsabilisation
Comment éviter
1. Clarifier les rôles
“Tu es son frère/sa sœur, pas son parent. Nous, les parents, on s’occupe de lui.”
Ne pas déléguer les responsabilités parentales.
2. Demandes adaptées à l’âge
Enfant (5-10 ans) : Jouer ensemble, surveiller 5 min (occasionnel).
Ado (11-15 ans) : Aider occasionnellement, mais pas être le gardien permanent.
Adulte (18+) : Peut choisir de s’impliquer, mais sans obligation.
3. Ne pas parler de l’avenir trop tôt
Ne pas dire : “Quand nous serons morts, tu devras t’occuper de lui.”
Trop lourd, trop angoissant pour un enfant/ado.
Aborder l’avenir (tutelle, logement) quand la fratrie est adulte, mûre, et uniquement si elle est d’accord.
4. Respecter leur vie
Ils ont le droit de :
Pas de pression, pas de culpabilisation.
—
Expliquer le handicap {#expliquer}
Adapter à l’âge
Jeune enfant (3-6 ans) :
“[Prénom] est né avec quelque chose qui s’appelle trisomie 21. Ça veut dire qu’il apprend plus lentement. Il a besoin de plus d’aide. Mais c’est ton frère/ta sœur, et on l’aime.”
Enfant (7-12 ans) :
“La trisomie 21, c’est quand on a un chromosome en plus. Ça fait que le cerveau fonctionne différemment. [Prénom] a du mal à parler, à apprendre, mais il progresse. Et il a plein de qualités !”
Adolescent :
Explication plus détaillée (génétique, caractéristiques, pronostic).
Répondre à leurs questions honnêtement.
Focaliser sur les ressemblances
“Vous aimez tous les deux [activité]. Vous êtes frère et sœur, vous vous aimez.”
Ne pas réduire l’enfant trisomique à son handicap.
Répondre aux questions
“Pourquoi il est comme ça ?”
→ “C’est génétique, il est né comme ça. Ce n’est la faute de personne.”
“Moi aussi je vais devenir trisomique ?”
→ “Non, tu ne peux pas ‘attraper’ la trisomie. C’est pas une maladie, on naît avec.”
“Il va mourir ?”
→ “Tout le monde meurt un jour. Mais avec les bons soins, [Prénom] peut vivre longtemps et être heureux.”
“Pourquoi les gens le regardent bizarrement ?”
→ “Parce qu’ils ne comprennent pas. Mais nous, on sait qu’il est formidable tel qu’il est.”
—
Cultiver une relation fraternelle saine {#relation}
Activités ensemble
Jouer ensemble : Jeux adaptés (que les deux apprécient).
Sorties en famille : Parc, zoo, cinéma.
Complicité : Blagues, secrets partagés.
Respecter les différences
Chacun a son rythme, ses capacités.
Ne pas forcer la fratrie à toujours jouer avec le frère/sœur trisomique (ils ont le droit à leur vie, leurs amis).
Encourager l’entraide (sans contrainte)
Demander occasionnellement : “Tu peux aider ton frère à mettre ses chaussures ?”
Mais ne pas imposer systématiquement.
Valoriser quand ils s’entraident spontanément : “C’est gentil d’avoir aidé ta sœur !”
Gérer les conflits normalement
Les disputes sont normales entre frères et sœurs.
Ne pas toujours protéger l’enfant trisomique (“Il est handicapé, sois gentil !”).
Traiter équitablement : Si bagarre, les deux sont responsables (sauf si l’un est clairement victime).
Créer des souvenirs positifs
Photos, vidéos des bons moments ensemble.
Album : “Nos aventures à [Prénom] et [Prénom]”.
Renforce le lien, crée des souvenirs heureux.
—
Soutenir la fratrie {#soutien}
1. Écoute active
Prendre le temps d’écouter (15 min/jour minimum).
Questions ouvertes :
Accueillir les émotions (même négatives) sans jugement.
2. Groupes de parole fratrie
Associations (Trisomie 21 France, Unapei) organisent des groupes pour frères/sœurs.
Rencontrer d’autres fratries : “Je ne suis pas seul(e), d’autres vivent ça.”
Partager, se soutenir.
3. Livres, ressources
Livres pour enfants sur la fratrie et le handicap :
Lire ensemble, en parler.
4. Psychologue si besoin
Si souffrance (tristesse persistante, troubles du comportement, angoisse) :
Consultation psychologue (pour l’enfant seul, ou thérapie familiale).
Libérer la parole, dénouer les nœuds.
5. Valoriser leur rôle (sans pression)
“Tu es un super grand frère/une super grande sœur. [Prénom] a de la chance de t’avoir.”
Mais : Sans en faire trop (risque de pression).
6. Leur offrir des espaces à eux
Activités sans le frère/sœur trisomique :
Droit à une vie indépendante.
—
Témoignages
Clara, 16 ans, sœur de Théo (12 ans, trisomique)
“Parfois, c’est dur. Mes parents sont toujours focalisés sur Théo. Mais j’ai appris à en parler. Et Théo, je l’adore. Il est drôle, affectueux. Oui, parfois j’ai honte quand mes copains le voient. Mais j’apprends à assumer. C’est mon frère.”
Lucas, 10 ans, frère d’Emma (7 ans, trisomique)
“Emma, c’est ma petite sœur. Elle est marrante. Parfois elle m’énerve (comme toutes les petites sœurs !). Mais je l’aime. Je l’aide à faire des puzzles. Elle est contente.”
Sophie, adulte, sœur d’un adulte trisomique
“J’ai 35 ans, mon frère en a 30. Petite, j’étais jalouse. Ado, j’avais honte. Adulte, je réalise la chance que j’ai. Mon frère m’a appris l’empathie, la tolérance. Il m’a rendue meilleure. Aujourd’hui, on est proches. Je l’aide pour certaines choses, mais c’est naturel, pas une obligation.”
—
Conclusion : La fratrie, un trésor à protéger
Les frères et sœurs d’enfants trisomiques vivent une expérience unique, parfois difficile, mais souvent enrichissante. Avec communication, équilibre, soutien, et respect de leurs besoins, la relation fraternelle peut être magnifique, source de fierté, d’amour et de complicité.
Les clés pour accompagner la fratrie :
1. Temps individuel avec chaque enfant
2. Légitimer les émotions (jalousie, colère, honte)
3. Éviter la surresponsabilisation (pas de parentification)
4. Expliquer le handicap (adapté à l’âge)
5. Cultiver activités communes (complicité)
6. Soutenir (écoute, groupes de parole, psychologue si besoin)
7. Respecter leur vie (droit à l’indépendance)
La fratrie est un trésor. Protégez-la, soutenez-la, valorisez-la. Ces enfants grandissent, deviennent des adultes empathiques, tolérants, riches d’une expérience unique. Accompagnez-les. Ils en valent la peine.
—
Ressources DYNSEO pour toute la famille :
—
Associations avec groupes fratrie :
—
Frères, sœurs : vous êtes importants. Vos parents vous aiment. Votre voix compte. N’ayez pas peur de dire ce que vous ressentez. Vous n’êtes pas seuls.

