Médicaments après un AVC : à quoi servent-ils et comment bien les prendre ?

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Après un accident vasculaire cérébral (AVC), vous allez probablement devoir prendre plusieurs médicaments au long cours. Ces traitements, loin d’être anodins, sont essentiels pour prévenir un second AVC et gérer vos facteurs de risque cardiovasculaire. Mais face à la multiplicité des prescriptions, il est parfois difficile de comprendre le rôle de chaque médicament, de gérer les prises quotidiennes, et de faire face aux effets secondaires. Dans cet article complet, nous vous expliquons en détail pourquoi chaque traitement est prescrit, comment le prendre correctement, quels sont les effets secondaires possibles, et comment optimiser votre observance thérapeutique pour maximiser vos chances de récupération et prévenir un nouvel accident.

Pourquoi prendre des médicaments après un AVC ?

La prévention du second AVC : l’enjeu majeur

Après un premier AVC, le risque de faire un second événement est significativement augmenté :

  • 10 à 15% des patients font un nouvel AVC dans l’année qui suit le premier
  • 30% des patients feront un second AVC dans les 5 ans
  • Le pronostic d’un second AVC est souvent plus grave que le premier
  • Mais voici la bonne nouvelle : la plupart de ces récidives peuvent être évitées grâce à un traitement médicamenteux adapté et bien suivi. Les études montrent que les traitements préventifs peuvent réduire le risque de récidive de 50 à 80%.

    Agir sur les causes de l’AVC

    Un AVC ne survient jamais par hasard. Il est la conséquence de facteurs de risque souvent présents depuis des années :

  • Hypertension artérielle (responsable de 50% des AVC)
  • Cholestérol élevé
  • Diabète
  • Fibrillation auriculaire (trouble du rythme cardiaque)
  • Tabagisme
  • Sédentarité
  • Obésité
  • Les médicaments prescrits après l’AVC visent à contrôler ces facteurs de risque et à prévenir la formation de nouveaux caillots.

    Un traitement individualisé

    Il n’existe pas de “traitement standard” après un AVC. Votre médecin va adapter la prescription en fonction :

  • Du type d’AVC que vous avez eu (ischémique ou hémorragique)
  • De la cause identifiée de l’AVC
  • De vos facteurs de risque personnels
  • De votre âge et de votre état de santé général
  • Des autres traitements que vous prenez déjà
  • De votre fonction rénale et hépatique
  • C’est pourquoi il est essentiel de comprendre chaque médicament prescrit et de ne jamais modifier votre traitement sans avis médical.

    Les anticoagulants et antiplaquettaires : prévenir les caillots

    Comprendre la différence entre anticoagulants et antiplaquettaires

    Ces deux types de médicaments visent à fluidifier le sang, mais ils agissent différemment :

    Les antiplaquettaires empêchent les plaquettes sanguines de s’agréger pour former un caillot. Ils sont prescrits en cas d’AVC d’origine artérielle.

    Les anticoagulants agissent sur la coagulation sanguine elle-même. Ils sont prescrits en cas de fibrillation auriculaire ou d’autres sources cardiaques d’embolie.

    Les antiplaquettaires : le traitement le plus fréquent

    L’aspirine (acide acétylsalicylique)

    À quoi ça sert ? L’aspirine à faible dose (75 à 160 mg par jour) empêche les plaquettes de s’agréger. C’est le traitement de première intention après un AVC ischémique d’origine artérielle.

    Comment le prendre ?

  • En général : 1 comprimé par jour, à prendre de préférence au cours d’un repas pour limiter les effets sur l’estomac
  • Ne jamais arrêter sans avis médical
  • Effets secondaires possibles :

  • Troubles digestifs (brûlures d’estomac, nausées)
  • Risque de saignement (nez, gencives, ecchymoses)
  • Rarement : ulcère gastrique
  • Précautions :

  • Éviter les anti-inflammatoires (ibuprofène, etc.) qui augmentent le risque de saignement
  • Signaler tout saignement anormal à votre médecin
  • Prudence avec l’alcool
  • Le clopidogrel (Plavix®)

    À quoi ça sert ? Antiplaquettaire plus puissant que l’aspirine, souvent prescrit seul ou en association temporaire avec l’aspirine après un AVC récent.

    Comment le prendre ?

  • 1 comprimé de 75 mg par jour, à heure fixe
  • Peut être pris pendant ou en dehors des repas
  • Effets secondaires possibles :

  • Saignements (comme avec l’aspirine)
  • Troubles digestifs
  • Éruptions cutanées
  • Rarement : troubles sanguins
  • Particularités :

  • Nécessite une activation par le foie. Certaines personnes sont “résistantes” au clopidogrel
  • Interactions avec certains médicaments (notamment les inhibiteurs de la pompe à protons comme l’oméprazole)
  • L’association aspirine + dipyridamole (Asasantine®)

    À quoi ça sert ? Association de deux antiplaquettaires, parfois prescrite en alternative au clopidogrel.

    Effets secondaires spécifiques :

  • Maux de tête (fréquents en début de traitement, s’améliorent généralement avec le temps)
  • Vertiges
  • Troubles digestifs
  • Les anticoagulants : pour les AVC d’origine cardiaque

    Les AVK (Anti-Vitamine K) : warfarine, fluindione, acénocoumarol

    À quoi ça sert ? Les AVK sont des anticoagulants puissants, prescrits principalement en cas de fibrillation auriculaire ou de valves cardiaques mécaniques.

    Comment les prendre ?

  • À heure fixe chaque jour (souvent le soir)
  • Toujours à la même heure
  • La dose est ajustée en fonction de l’INR (voir ci-dessous)
  • La surveillance de l’INR :

    L’INR (International Normalized Ratio) mesure le niveau d’anticoagulation. Il doit être :

  • Entre 2 et 3 pour la plupart des indications
  • Entre 2,5 et 3,5 pour les valves mécaniques
  • Fréquence des contrôles :

  • Au début : tous les 2-3 jours
  • Une fois stable : tous les 15 jours à 1 mois
  • À chaque changement de traitement
  • Effets secondaires :

  • Risque hémorragique important (nécessite une surveillance étroite)
  • Interactions avec de nombreux aliments et médicaments
  • Précautions essentielles :

  • Tenir un carnet d’INR à jour
  • Éviter les variations importantes dans la consommation d’aliments riches en vitamine K (choux, brocolis, épinards) – pas d’interdiction, mais régularité
  • Signaler tout nouveau médicament (même en vente libre) à votre médecin ou pharmacien
  • Éviter l’alcool
  • Attention aux traumatismes (risque de saignement)
  • Les AOD (Anticoagulants Oraux Directs) : dabigatran, rivaroxaban, apixaban, edoxaban

    À quoi ça servent ? Les AOD sont des anticoagulants plus récents, aussi efficaces que les AVK mais plus simples d’utilisation. Ils sont de plus en plus prescrits en cas de fibrillation auriculaire.

    Avantages par rapport aux AVK :

  • Pas de surveillance biologique régulière (pas d’INR)
  • Moins d’interactions alimentaires
  • Moins de risque d’hémorragie cérébrale
  • Dose fixe
  • Comment les prendre ?

  • À heure fixe chaque jour
  • Certains nécessitent 1 prise par jour, d’autres 2 prises
  • Certains doivent être pris au cours d’un repas
  • Effets secondaires :

  • Troubles digestifs (surtout avec le dabigatran)
  • Risque de saignement (moindre qu’avec les AVK mais présent)
  • Précautions :

  • Ne jamais doubler la dose en cas d’oubli
  • Adapter la dose en cas d’insuffisance rénale
  • Antidote disponible en cas d’hémorragie grave (pour certains AOD)
  • Attention : Les AOD sont contre-indiqués en cas de valve cardiaque mécanique.

    Formation AVC DYNSEO

    Pour mieux comprendre votre traitement anticoagulant et ses enjeux, la formation DYNSEO sur l’AVC propose un module complet sur les médicaments après un AVC. Vous y apprendrez comment fonctionnent ces traitements, comment les prendre correctement, et comment reconnaître les signes d’alerte.

    Les antihypertenseurs : contrôler la pression artérielle

    Pourquoi contrôler la pression artérielle après un AVC ?

    L’hypertension artérielle est le premier facteur de risque d’AVC. Après un premier événement, il est crucial de maintenir une pression artérielle bien contrôlée pour réduire le risque de récidive.

    Objectifs tensionnels après un AVC :

  • En général : inférieure à 140/90 mmHg
  • En cas de diabète ou de maladie rénale : inférieure à 130/80 mmHg
  • L’objectif est individualisé selon votre âge et vos comorbidités
  • Les différentes classes d’antihypertenseurs

    Plusieurs familles de médicaments permettent de contrôler la pression artérielle. Souvent, une association de plusieurs classes est nécessaire.

    Les IEC (Inhibiteurs de l’Enzyme de Conversion)

    Exemples : périndopril, ramipril, énalapril (noms se terminant par “-pril”)

    À quoi ça sert ? Ils dilatent les vaisseaux sanguins et protègent le cœur et les reins.

    Comment les prendre ?

  • En général : 1 fois par jour, de préférence le matin
  • Peuvent être pris pendant ou en dehors des repas
  • Effets secondaires :

  • Toux sèche (fréquent, 10-20% des patients)
  • Rarement : œdème de Quincke (gonflement du visage, urgence médicale)
  • Augmentation du potassium sanguin
  • Précautions :

  • Éviter les anti-inflammatoires
  • Surveiller la fonction rénale et le potassium
  • Ne pas prendre pendant la grossesse
  • Les ARA2 (Antagonistes des Récepteurs de l’Angiotensine II)

    Exemples : valsartan, losartan, candésartan (noms se terminant par “-sartan”)

    À quoi ça sert ? Action similaire aux IEC, prescrits en cas d’intolérance aux IEC (notamment la toux).

    Effets secondaires :

  • Mieux tolérés que les IEC (pas de toux)
  • Risque d’hypotension orthostatique (étourdissement en se levant)
  • Augmentation du potassium
  • Les inhibiteurs calciques

    Exemples : amlodipine, lercanidipine, diltiazem (noms se terminant par “-dipine”)

    À quoi ça sert ? Ils dilatent les artères en agissant sur le calcium.

    Effets secondaires :

  • Œdèmes des chevilles (fréquent, bénin)
  • Bouffées de chaleur
  • Maux de tête
  • Palpitations
  • Astuce : Les œdèmes des chevilles sont liés au médicament, pas à un problème cardiaque. Ils s’améliorent souvent avec le temps.

    Les diurétiques

    Exemples : hydrochlorothiazide, indapamide, furosémide

    À quoi ça sert ? Ils éliminent l’eau et le sel par les reins, diminuant ainsi la pression artérielle.

    Comment les prendre ?

  • Le matin pour éviter de se lever la nuit pour uriner
  • Certains nécessitent une surveillance du potassium
  • Effets secondaires :

  • Augmentation de la fréquence urinaire
  • Risque de déshydratation (surtout en été)
  • Diminution du potassium (hypokaliémie) avec certains diurétiques
  • Augmentation de l’acide urique (risque de goutte)
  • Précautions :

  • Boire suffisamment (1,5 à 2 litres par jour)
  • Surveillance du potassium et de la fonction rénale
  • Éviter les anti-inflammatoires
  • Les bêtabloquants

    Exemples : bisoprolol, métoprolol, aténolol (noms se terminant par “-olol”)

    À quoi ça sert ? Ils ralentissent le rythme cardiaque et diminuent la pression artérielle. Prescrits surtout s’il y a une atteinte cardiaque associée.

    Effets secondaires :

  • Fatigue
  • Extrémités froides
  • Troubles du sommeil, cauchemars
  • Baisse de la libido
  • Aggravation d’un asthme
  • Précautions :

  • Ne jamais arrêter brutalement (risque de rebond de la pression artérielle)
  • Surveillance de la fréquence cardiaque
  • Mesurer sa tension à domicile : automesure tensionnelle

    Il est recommandé de mesurer régulièrement votre pression artérielle à domicile :

    Méthode recommandée (règle des 3) :

  • 3 mesures le matin (avant le petit-déjeuner, avant la prise des médicaments)
  • 3 mesures le soir (avant le dîner)
  • 3 jours de suite
  • Repos de 5 minutes avant les mesures
  • Position assise, bras à hauteur du cœur
  • Notez les résultats dans un carnet et apportez-le à chaque consultation.

    Les statines : contrôler le cholestérol

    Pourquoi prendre une statine après un AVC ?

    Même si votre cholestérol n’est pas très élevé, une statine est presque systématiquement prescrite après un AVC ischémique. Pourquoi ?

    Les statines ont deux actions :

    1. Elles baissent le cholestérol LDL (“mauvais cholestérol”)

    2. Elles stabilisent les plaques d’athérome (dépôts de cholestérol dans les artères) et ont un effet anti-inflammatoire

    Objectifs de LDL cholestérol après un AVC :

  • Inférieur à 0,7 g/L (ou 1,8 mmol/L)
  • Parfois encore plus bas selon le risque
  • Les principales statines

    Exemples : atorvastatine, rosuvastatine, simvastatine, pravastatine (noms se terminant par “-statine”)

    Comment les prendre ?

  • 1 fois par jour, de préférence le soir (le cholestérol est surtout produit la nuit)
  • Peuvent être prises pendant ou en dehors des repas
  • Effets secondaires :

  • Douleurs musculaires (myalgies) : l’effet secondaire le plus fréquent (5-10% des patients). Elles surviennent surtout en début de traitement.
  • Fatigue musculaire
  • Rarement : atteinte musculaire sévère (rhabdomyolyse) – urgence médicale
  • Augmentation des enzymes hépatiques (rare)
  • Troubles digestifs
  • Risque légèrement augmenté de diabète
  • Que faire en cas de douleurs musculaires ?

    1. Ne pas arrêter le traitement sans avis médical

    2. Consulter votre médecin : il pourra diminuer la dose, changer de statine, ou prescrire un dosage de CPK (enzyme musculaire)

    3. Essayer de prendre le médicament un jour sur deux

    4. Supplémenter en coenzyme Q10 (peut aider, mais preuves limitées)

    Précautions :

  • Éviter le jus de pamplemousse (interaction avec certaines statines)
  • Surveiller les enzymes hépatiques et les CPK
  • Signaler toute douleur musculaire inhabituelle
  • Les autres hypolipémiants

    Si la statine seule ne suffit pas ou en cas d’intolérance :

    Ézétimibe (Ezetrol®) : diminue l’absorption du cholestérol au niveau intestinal. Souvent associé à une statine.

    Inhibiteurs de la PCSK9 (evolocumab, alirocumab) : anticorps injectables, très efficaces, réservés aux cas de cholestérol résistant ou d’intolérance aux statines.

    Fibrates : surtout en cas de triglycérides élevés.

    Le traitement du diabète après un AVC

    Pourquoi contrôler la glycémie ?

    Le diabète multiplie par 2 à 3 le risque d’AVC. Un bon contrôle glycémique est essentiel pour prévenir la récidive.

    Objectifs glycémiques après un AVC :

  • HbA1c (hémoglobine glyquée) : inférieure à 7%
  • Glycémie à jeun : entre 0,8 et 1,3 g/L
  • Glycémie postprandiale : inférieure à 1,8 g/L
  • Ces objectifs peuvent être individualisés selon votre âge et votre état de santé.

    Les traitements du diabète

    Metformine : le traitement de première intention. Bien toléré, peu d’hypoglycémies. Effets secondaires digestifs en début de traitement.

    Inhibiteurs de la DPP-4 : bonne tolérance, pas d’hypoglycémie. Possibles effets cardiovasculaires protecteurs.

    Analogues du GLP-1 (injections) : efficaces, favorisent la perte de poids, protection cardiovasculaire démontrée.

    Inhibiteurs du SGLT2 : protection cardiovasculaire et rénale démontrée. Risque d’infections urinaires.

    Insuline : si nécessaire, en injections sous-cutanées.

    Surveillances :

  • Glycémie capillaire à domicile (si insuline ou risque d’hypoglycémie)
  • HbA1c tous les 3 mois
  • Comment bien gérer ses médicaments au quotidien ?

    Organiser ses prises : le pilulier

    Le pilulier hebdomadaire est votre meilleur allié pour ne pas oublier vos médicaments et éviter les doubles prises.

    Comment le préparer ?

  • Choisissez un moment calme dans la semaine (le dimanche soir par exemple)
  • Installez-vous dans un endroit bien éclairé
  • Ayez toutes vos boîtes de médicaments et votre ordonnance sous les yeux
  • Remplissez le pilulier pour toute la semaine
  • Vérifiez que vous avez mis le bon nombre de comprimés dans chaque case
  • Astuces :

  • Utilisez un pilulier avec 4 compartiments par jour (matin, midi, soir, coucher) si vous avez plusieurs prises
  • Certains piluliers sont équipés d’une alarme
  • Demandez à votre pharmacien de vous aider à le préparer les premières fois
  • Utiliser les rappels et alarmes

    Sur votre téléphone :

  • Programmez des alarmes pour chaque prise de médicament
  • Nommez chaque alarme (ex : “Médicaments du matin”)
  • Utilisez des applications de rappel de médicaments (disponibles gratuitement)
  • Les objets connectés :

  • Piluliers connectés qui vous alertent en cas d’oubli
  • Montres connectées avec rappels
  • Distributeurs automatiques de médicaments (pour les personnes avec troubles cognitifs)
  • Tenir un carnet de suivi

    Que noter dans votre carnet ?

  • La liste complète de vos médicaments avec les posologies
  • Les heures de prise
  • Les résultats de vos auto-mesures (tension artérielle, glycémie, INR)
  • Les effets secondaires ressentis
  • Les questions à poser au médecin
  • Ce carnet est précieux pour vos consultations médicales et en cas d’urgence.

    Gérer les oublis

    Si vous oubliez une prise :

    Pour la plupart des médicaments :

  • Si vous vous en rendez compte dans les 2-3 heures : prenez la dose oubliée
  • Si c’est presque l’heure de la prochaine prise : sautez la dose oubliée et reprenez normalement
  • Ne doublez JAMAIS la dose à la prise suivante
  • Pour les anticoagulants (AOD) :

  • Si vous vous en rendez compte le jour même : prenez la dose
  • Si c’est le lendemain : ne la prenez PAS, reprenez normalement
  • Pour les AVK :

  • Ne modifiez rien, notez l’oubli et signalez-le lors de la prochaine prise de sang (INR)
  • En cas de doute : appelez votre pharmacien ou votre médecin.

    JOE, votre coach cérébral

    Pour vous aider à gérer vos prises de médicaments, notamment si vous avez des troubles de la mémoire, JOE, votre coach cérébral propose des exercices de mémoire et d’organisation qui peuvent vous aider à mettre en place des routines. L’application permet de travailler la mémoire prospective (se souvenir de faire quelque chose à un moment donné), essentielle pour la gestion des médicaments.

    Communiquer avec les professionnels de santé

    Informez TOUJOURS :

  • Votre médecin et votre pharmacien de tous les médicaments que vous prenez (y compris ceux achetés sans ordonnance, les compléments alimentaires, les plantes)
  • En cas de nouveau symptôme
  • Si vous envisagez d’arrêter un traitement (ne le faites JAMAIS sans avis médical)
  • Questions à poser :

  • À quoi sert ce médicament ?
  • Comment dois-je le prendre ?
  • Quels sont les effets secondaires possibles ?
  • Y a-t-il des interactions à connaître ?
  • Combien de temps vais-je devoir le prendre ?
  • N’ayez pas peur de poser des questions, même si elles vous semblent simples. Comprendre son traitement est essentiel pour bien le suivre.

    Les interactions médicamenteuses à connaître

    Médicaments à éviter ou à prendre avec précaution

    Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) :

  • Ibuprofène (Advil®, Nurofen®), kétoprofène, diclofénac
  • Augmentent le risque de saignement en association avec les anticoagulants et antiplaquettaires
  • Augmentent la pression artérielle
  • Peuvent altérer la fonction rénale
  • À éviter au maximum. En cas de douleur, privilégiez le paracétamol.
  • Les IPP (Inhibiteurs de la Pompe à Protons) :

  • Oméprazole, ésoméprazole, lansoprazole
  • Peuvent diminuer l’efficacité du clopidogrel (Plavix®)
  • Si vous prenez du clopidogrel, privilégiez le pantoprazole qui interagit moins
  • Les antifongiques azolés :

  • Fluconazole, kétoconazole
  • Interactions avec les anticoagulants et certaines statines
  • Les antibiotiques :

  • Certains antibiotiques (macrolides, quinolones) peuvent interagir
  • Signalez toujours que vous êtes sous anticoagulants
  • Aliments et compléments alimentaires

    Avec les AVK (anti-vitamine K) :

  • Aliments riches en vitamine K (choux, brocolis, épinards, persil, foie) : pas d’interdiction, mais régularité dans la consommation
  • Cranberry (canneberge) : augmente l’effet des AVK, à éviter
  • Alcool : à éviter ou limiter fortement
  • Avec tous les anticoagulants :

  • Gingko biloba, ginseng, ail en grande quantité : augmentent le risque de saignement
  • Millepertuis : nombreuses interactions, à éviter
  • Avec les statines :

  • Jus de pamplemousse : augmente le taux sanguin de certaines statines (atorvastatine, simvastatine), à éviter
  • En cas d’intervention chirurgicale ou de soins dentaires

    Prévenez toujours :

  • Que vous êtes sous anticoagulants ou antiplaquettaires
  • Le chirurgien ou le dentiste décidera s’il faut arrêter ou non le traitement avant l’intervention
  • Ne décidez JAMAIS seul d’arrêter votre traitement
  • En général :

  • Pour les soins dentaires simples : on maintient souvent les anticoagulants
  • Pour une chirurgie : arrêt temporaire possible, parfois relais par des injections d’héparine
  • Quand consulter en urgence ?

    Signes d’hémorragie sous anticoagulants

    Consultez immédiatement (15 ou urgences) si :

  • Saignement qui ne s’arrête pas (nez, gencives, plaie)
  • Vomissements de sang ou aspect “marc de café”
  • Selles noires (méléna) ou présence de sang rouge dans les selles
  • Hématomes spontanés importants
  • Maux de tête intenses et inhabituels
  • Troubles de la vision, de la parole, ou faiblesse soudaine (signes d’AVC hémorragique)
  • En cas de chute ou de traumatisme crânien :

  • Même sans symptôme immédiat, consultez pour éliminer un hématome intracrânien
  • Effets secondaires graves

    Consultez rapidement si :

  • Douleurs musculaires intenses et inhabituelles (statines)
  • Gonflement du visage, de la langue, difficulté à respirer (œdème de Quincke avec IEC)
  • Éruption cutanée étendue
  • Jaunisse (yeux ou peau jaunes)
  • Fatigue extrême inhabituelle
  • Essoufflement nouveau ou aggravé
  • L’observance thérapeutique : la clé du succès

    Pourquoi l’observance est-elle si importante ?

    Observance = prise régulière et correcte du traitement prescrit.

    Les études montrent que :

  • Seulement 50% des patients prennent correctement leur traitement après 1 an
  • Une mauvaise observance multiplie par 3 le risque de récidive d’AVC
  • C’est souvent l’absence de symptômes qui pousse à l’arrêt (“je me sens bien, pourquoi prendre des médicaments ?”)
  • Les obstacles à l’observance

    Obstacles pratiques :

  • Polypharmacie (nombreux médicaments)
  • Régimes de prise complexes
  • Oublis
  • Coût des traitements
  • Obstacles psychologiques :

  • Déni de la maladie
  • Peur des effets secondaires
  • Lassitude
  • Manque de compréhension de l’intérêt du traitement
  • Obstacles cognitifs :

  • Troubles de la mémoire post-AVC
  • Difficultés d’organisation
  • Problèmes de compréhension
  • Stratégies pour améliorer l’observance

    Simplifier le traitement :

  • Demandez à votre médecin si des combinaisons fixes existent (plusieurs molécules dans un seul comprimé)
  • Privilégiez les prises 1 fois par jour quand c’est possible
  • Créer des routines :

  • Associez la prise de médicaments à un moment précis de la journée (petit-déjeuner, brossage de dents du soir)
  • Placez le pilulier dans un endroit visible
  • Impliquer l’entourage :

  • Demandez à vos proches de vous rappeler
  • Partagez vos difficultés
  • Utiliser la technologie :

  • Alarmes sur téléphone
  • Applications de rappel
  • Piluliers connectés
  • Comprendre l’importance :

  • Posez des questions à votre médecin
  • Consultez des ressources fiables (comme la formation DYNSEO sur l’AVC)
  • Rejoignez des groupes de patients
  • Gérer les effets secondaires :

  • Ne souffrez pas en silence
  • Parlez-en à votre médecin : des solutions existent souvent (changement de molécule, adaptation de la dose, ajout d’un traitement complémentaire)
  • Le suivi médical régulier

    Les consultations

    Médecin traitant :

  • Mensuel les premiers mois
  • Puis tous les 3 à 6 mois
  • Contrôle de la pression artérielle, renouvellement des ordonnances, ajustement des traitements
  • Neurologue :

  • À 3 mois, 6 mois, puis annuel
  • Évaluation neurologique, prévention secondaire
  • Cardiologue :

  • Si fibrillation auriculaire ou atteinte cardiaque associée
  • Les examens de suivi

    Prises de sang régulières :

  • Bilan lipidique (cholestérol) : tous les 3 à 6 mois
  • Glycémie et HbA1c (si diabète) : tous les 3 mois
  • Fonction rénale et ionogramme : 1 à 2 fois par an
  • Enzymes hépatiques (si statines) : à 3 mois puis annuel
  • INR (si AVK) : toutes les 2 à 4 semaines
  • Autres examens :

  • Échographie doppler des troncs supra-aortiques : à 1 an puis selon évolution
  • Holter ECG : si recherche de fibrillation auriculaire
  • IRM cérébrale de contrôle : selon l’évolution clinique

Guide pour accompagner les personnes post-AVC

Pour les proches qui vous accompagnent, le guide DYNSEO pour accompagner les personnes après un AVC contient un chapitre dédié à l’aide à la prise de médicaments. Vous y trouverez des conseils pratiques pour aider votre proche sans le déresponsabiliser, gérer les oublis, et communiquer efficacement avec les professionnels de santé.

Conclusion : les médicaments, un pilier de la prévention

Les médicaments prescrits après un AVC peuvent sembler nombreux et contraignants, mais ils sont essentiels pour prévenir un second accident et préserver votre santé. Chaque médicament a un rôle précis : fluidifier le sang, contrôler la pression artérielle, diminuer le cholestérol, gérer le diabète.

Les clés du succès :

1. Comprendre pourquoi chaque médicament est prescrit

2. Organiser vos prises avec des outils simples (pilulier, alarmes)

3. Surveiller votre tension, votre glycémie si nécessaire

4. Communiquer avec vos médecins et votre pharmacien

5. Persévérer même en l’absence de symptômes

N’oubliez pas que les médicaments ne sont qu’une partie de la prévention. Ils doivent être associés à un mode de vie sain : alimentation équilibrée, activité physique régulière, arrêt du tabac, gestion du stress.

Si vous avez des difficultés à gérer votre traitement, des troubles de la mémoire, ou des questions, n’hésitez pas à en parler à votre équipe médicale. Des solutions existent pour vous aider : piluliers connectés, préparation des doses par le pharmacien, implication d’un proche, services d’aide à domicile.

Les ressources DYNSEO peuvent également vous accompagner : la formation sur l’AVC pour comprendre vos traitements, l’application JOE pour travailler votre mémoire et votre organisation, et le guide pour les proches pour que votre entourage puisse vous aider efficacement.

Prendre ses médicaments correctement, c’est se donner toutes les chances de prévenir un second AVC et de vivre pleinement sa vie. Vous avez le pouvoir d’agir pour votre santé !

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